« Nous avons dû annuler tous les cours de la soirée, les salles de classe étaient devenues des piscines », témoigne, la voix tremblante, un enseignant de l’école Saint-Charles Lwanga à Barumbu. Cette image saisissante résume le cauchemar vécu par des milliers de Kinois ce mardi 4 novembre, lorsque des pluies diluviennes se sont abattues sur la capitale congolaise, transformant les artères en rivières tumultueuses et les habitations en zones sinistrées.
À Lingwala, le quartier Lokole et les rues Niangwe et Kalembelembe ont été submergés par les eaux, créant un paysage apocalyptique où les habitants luttaient pour sauver leurs maigres biens. Le bourgmestre de la commune n’a pas caché son amertume face à l’ampleur des dégâts, tandis que les riverains tentaient de trouver refuge sur les parties les plus élevées de leurs habitations.
La situation n’était guère plus reluisante à Kalamu, où la rivière éponyme est sortie de son lit, déversant ses eaux boueuses dans les ruelles avoisinantes. L’autorité municipale a tiré la sonnette d’alarme sur l’insalubrité grandissante, les déchets emportés par les eaux de pluie créant un environnement propice au développement de maladies hydriques. Comment une capitale moderne peut-elle se retrouver aussi vulnérable face aux caprices de la nature ?
L’avenue Itaga à Barumbu, normalement vibrante d’activité, s’est transformée en un immense lac artificiel, paralysant complètement la circulation. Véhicules et motos sont restés immobilisés, leurs conducteurs impuissants face à la montée des eaux. À quelques mètres de là, l’école Saint-Charles Lwanga a dû fermer ses portes, privant ainsi des centaines d’élèves de leur droit à l’éducation.
La coupure d’électricité qui a frappé plusieurs quartiers de la municipalité a plongé les habitants dans l’obscurité totale, la sous-station de la Funa ayant été mise hors service par les inondations. Dans l’obscurité, les familles ont passé la nuit à écoper l’eau qui s’infiltrait dans leurs maisons, dans une lutte épuisante contre les éléments déchaînés.
Face à cette catastrophe naturelle, nombreux sont les habitants qui pointent du doigt le manque d’entretien des infrastructures urbaines. « Si les caniveaux étaient régulièrement curés, nous n’en serions pas là », déplore un habitant de Lingwala, les pieds dans l’eau boueuse. Cette plainte récurrente soulève des questions fondamentales sur la gestion urbaine et la prévention des risques dans une métropole qui compte pourtant plus de 15 millions d’âmes.
Les inondations à Kinshasa ne sont malheureusement pas un phénomène nouveau, mais leur répétition et leur intensité croissante interrogent la capacité des autorités à anticiper et gérer ces crises. Les communes touchées par ces inondations semblent condamnées à revivre le même scénario catastrophe à chaque saison des pluies, avec son cortège de destructions et de vies bouleversées.
Au-delà des dégâts matériels immédiats, ces catastrophes naturelles à répétition creusent le fossé des inégalités sociales. Les plus démunis, souvent installés dans les zones les plus exposées, paient le plus lourd tribut, leurs habitations précaires offrant peu de résistance à la furie des éléments. Quelle solidarité nationale pour ces familles meurtries par les intempéries ?
La résilience des Kinois face à ces épreuves répétées force l’admiration, mais elle ne saurait constituer une solution durable. Les inondations dans les quartiers de Kinshasa appellent à une réflexion profonde sur l’aménagement urbain, la gestion des déchets et l’entretien des infrastructures d’assainissement. Alors que la saison des pluies se poursuit, la crainte d’une nouvelle catastrophe plane sur la capitale, rappelant l’urgence d’actions concrètes et coordonnées pour protéger les populations.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
