« À 25 ans, la Résolution 1325 reste une inconnue pour beaucoup de Congolais. Comment pouvons-nous construire la paix sans celles qui en sont les premières artisanes ? » Cette question, posée par Sylvie Mazambi, coordinatrice de Woman Power DRC, résonnait encore dans la salle comble du forum provincial intergénérationnel sur le leadership féminin tenu ce lundi à Goma.
Des milliers de femmes leaders et de jeunes engagés se sont rassemblés pour une réflexion profonde sur la participation des femmes aux processus de paix et de sécurité. L’événement, organisé dans le cadre du 25ᵉ anniversaire de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, a révélé des vérités troublantes sur la méconnaissance persistante de ce texte fondamental.
« Nous avons lancé un formulaire Google pour évaluer la connaissance de cette résolution », confie Sylvie Mazambi, la voix chargée d’émotion. « Les résultats nous ont glacés : de nombreuses personnes, hommes et femmes, n’en avaient jamais entendu parler. Vingt-cinq ans après son adoption, ce constat est amer. »
Au cœur des discussions, deux cadres complémentaires pour la paix et la sécurité : la Résolution 1325 (2000) mettant en avant le rôle essentiel des femmes dans la prévention et la résolution des conflits, et la Résolution 2250 (2015) reconnaissant la jeunesse comme acteur clé du développement et de la stabilité.
Mais pourquoi ce leadership féminin en RDC peine-t-il à se concrétiser dans les sphères décisionnelles ? Les participantes ont identifié plusieurs obstacles : le manque d’information, les pesanteurs socioculturelles et l’insuffisance des mécanismes de mise en œuvre. « Nous devons briser ce silence qui entoure nos capacités de leadership », affirme une jeune participante visiblement déterminée.
Les travaux ont abouti à des recommandations clés, soulignant la nécessité d’un engagement concret des organisations de la société civile en faveur de la paix et de la sécurité. Les femmes ont fermement rejeté la haine et la xénophobie, tout en appelant à une prise de conscience collective pour dénoncer les obstacles à la paix.
Trois axes fondamentaux ont émergé des échanges : la participation active des femmes et des jeunes dans les instances de décision, la protection contre les violences et discriminations liées aux conflits, et la prévention par la promotion de la justice et l’équité. Ces principes, portés par le Woman Power DRC, dessinent les contours d’une nouvelle approche du leadership féminin en RDC.
« Ce forum n’est pas qu’un simple événement », insiste Sylvie Mazambi. « C’est le début d’un mouvement qui prépare les nouvelles générations à incarner un leadership modèle, inclusif et efficace. Les femmes congolaises ont ce pouvoir de transformer notre société, mais encore faut-il leur en donner les moyens. »
Alors que le soleil se couchait sur Goma, les participantes quittaient les lieux avec une détermination renouvelée. Leur message est clair : la participation des femmes n’est pas une option, mais une nécessité pour une paix durable en République Démocratique du Congo. Le leadership féminin devient ainsi non seulement un enjeu d’égalité, mais un impératif de sécurité nationale.
Dans un pays marqué par des décennies de conflits, cette initiative du Woman Power DRC ouvre une nouvelle perspective : et si la clé de la paix en RDC se trouvait dans l’énergie et la résilience de ses femmes ? La réponse, portée par des milliers de voix à Goma, semble désormais évidente.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
