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Jean Marc Kabund défie Tshisekedi : marche pacifique pour exiger le dialogue politique en RDC

Le paysage politique congolais connaît un nouveau rebondissement avec le retour en force de Jean Marc Kabund, ancien pilier de la majorité présidentielle devenu figure de proue de l’opposition. L’annonce d’une marche pacifique prévue le 15 décembre prochain à Kinshasa vient jeter un pavé dans la mare d’un pouvoir déjà confronté à de multiples défis. Cette mobilisation, présentée comme un ultimatum citoyen, vise à exiger la convocation d’un dialogue politique national que le président Félix Tshisekedi semble désormais esquiver avec une détermination qui interroge.

Lors d’une conférence de presse mémorable, l’ancien bras droit du chef de l’État a dressé un tableau sans concession de la situation nationale, pointant du doigt l’effondrement des secteurs sécuritaire, social et économique. Mais c’est sur la crise dans l’Est que le leader de l’Alliance pour le changement (A.ch) a particulièrement insisté, dénonçant l’occupation de vastes territoires du Nord-Kivu et du Sud-Kivu par les rebelles de l’AFC/M23. « Ce que nos compatriotes de l’Est vivent est inacceptable » a-t-il martelé, appelant à une mobilisation nationale face à ce qu’il qualifie de « tragédie humaine ».

La rhétorique de Jean Marc Kabund frappe par sa radicalité assumée. Le dialogue politique devient dans son discours « un impératif catégorique » plutôt qu’une simple option. Sa critique du président Tshisekedi atteint des sommets inédits lorsqu’il accuse ce dernier de refuser obstinément toute discussion inclusive. Selon l’opposant, cette position ne relèverait pas du patriotisme mais constituerait « une erreur grave caractérisée comme stratégie cynique » visant à conserver le pouvoir au-delà du second mandat.

L’accusation est lourde de conséquences : le président serait suspecté de « laisser délibérément la guerre se poursuivre pour justifier un glissement anticonstitutionnel ». Cette théorie, qualifiée de « calculs politiques machiavéliques » par Kabund, suggère une instrumentalisation de la crise sécuritaire à des fins de conservation du pouvoir. Le langage utilisé, d’une rare virulence dans l’arène politique congolaise, témoigne de la radicalisation du discours oppositionnel.

Face à cette offensive verbale, la position présidentielle semble se durcir. Lors de son récent passage devant la diaspora belge, Félix Tshisekedi a catégoriquement rejeté tout dialogue incluant des représentants liés à « l’agression » que subit le pays. Cette ligne rouge tracée par le chef de l’État rend improbable toute négociation avec les groupes armés de l’Est, créant ainsi une impasse politique dont les conséquences pourraient s’avérer désastreuses.

Le paradoxe est saisissant : alors que les confessions religieuses, par la voix de la CENCO et de l’ECC, se sont portées garantes d’un dialogue national depuis des mois, le pouvoir semble préférer la voie unilatérale. Le dernier congrès de l’Union Sacrée de la Nation a certes entériné l’idée d’un dialogue, mais à l’initiative exclusive du président. Cette approche monopolistique du processus de paix risque-t-elle d’anéantir les dernières chances de résolution de la crise ?

La marche du 15 décembre s’annonce donc comme un test décisif pour l’opposition et pour le pouvoir. Sa réussite ou son échec mesurera le degré de mobilisation populaire autour des thèses de Jean Marc Kabund et déterminera probablement l’évolution du rapport de force politique. Les Kinois, traditionnellement sensibles aux appels à la mobilisation, répondront-ils massivement à cet appel ? La réponse à cette question pourrait bien redessiner le paysage politique des mois à venir.

Au-delà de l’affrontement politique, c’est l’avenir de milliers de Congolais de l’Est qui se joue dans cette partie d’échecs entre pouvoir et opposition. La communauté internationale observe avec attention ces développements, consciente que la stabilité de toute la région des Grands Lacs dépend en grande partie de la capacité des acteurs congolais à trouver une issue pacifique à cette crise multidimensionnelle. Le temps presse, et chaque jour perdu dans des joutes verbales se paie en vies humaines dans les provinces en proie à l’insécurité.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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