Dans un contexte sécuritaire particulièrement volatile, le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a adressé un message sans équivoque aux responsables provinciaux. Lancé lors des Conversations nationales sur la gouvernance provinciale et locale pour la prévention de l’extrémisme violent en République démocratique du Congo, cet appel intervient à un moment où la fragilité institutionnelle devient un terreau fertile pour les menaces sécuritaires.
« Gouverneurs de provinces ici présents : renforcez vos administrations, écoutez davantage vos populations, investissez dans la cohésion de nos communautés », a-t-il déclaré, dans une allocution qui sonne comme un constat d’échec de certaines politiques locales. Le ministre provincial se retrouve ainsi placé au cœur d’un dispositif où il doit devenir « l’architecte de la stabilité et du développement local ». Mais cette injonction ne masque-t-elle pas l’incapacité de l’État central à imposer une stratégie cohérente de gouvernance provinciale RDC ?
Ces assises de quatre jours, organisées en partenariat avec le SENAREC et le PNUD, ambitionnent de replacer la gouvernance au centre de la prévention contre l’extrémisme violent Congo. La démarche apparaît louable, mais son timing interroge : pourquoi attendre que les provinces soient durablement fragilisées pour repenser leur mode de fonctionnement ? La réponse du ministre Shabani esquisse un diagnostic sans concession : « L’extrémisme violent prospère là où la gouvernance est affaiblie, là où les institutions sont absentes ».
Le tableau dressé par Jacquemain Shabani révèle l’ampleur du défi. « Nous nous réunissons dans un contexte marqué par la persistance de menaces sécuritaires multiples, depuis les violences extrémistes à l’Est jusqu’aux conflits communautaires qui secouent nos provinces de l’Ouest et du Centre ». Cette analyse confirme que le phénomène de l’extrémisme violent Congo dépasse les frontières orientales du pays pour s’étendre à l’ensemble du territoire national.
La stratégie proposée lors de ces Conversations nationales gouvernance repose sur un triptyque : renforcement administratif, cohésion communautaire et implication de la société civile. Le ministre a ainsi interpellé directement les organisations de la société civile et la jeunesse : « Développez la résilience et ne cédez ni à la peur ni à la haine ». Un message qui, s’il est entendu, pourrait marquer un tournant dans la prévention violence RDC.
Mais au-delà des déclarations d’intention, la véritable question reste celle de la mise en œuvre. Les gouverneurs présents à Kinshasa repartiront-ils avec des moyens concrets pour transformer leurs administrations ? Les recommandations issues de ces assises seront-elles suivies d’effets ou rejoindront-elles le cimetière des bonnes intentions ? La crédibilité du gouvernement en matière de prévention de l’extrémisme violent se jouera dans la capacité à traduire ces discours en actions tangibles.
L’approche multidimensionnelle défendue par Jacquemain Shabani – qui combine renforcement institutionnel et mobilisation citoyenne – semble pertinente sur le papier. Reste à savoir si les autorités provinciales, souvent confrontées à des défis logistiques et financiers majeurs, disposeront des ressources nécessaires pour mettre en œuvre cette vision. La prévention violence RDC nécessite en effet des investissements durables et une coordination étroite entre tous les niveaux de gouvernance.
Ces Conversations nationales gouvernance représentent-elles le début d’une nouvelle ère dans la lutte contre l’extrémisme violent ou simplement une énième tentative de répondre à l’urgence sans s’attaquer aux causes structurelles ? La réponse se trouvera dans les mois à venir, au travers de la traduction concrète des engagements pris lors de ce forum. Le ministre de l’Intérieur a posé les bases d’une réflexion nécessaire ; il lui appartiendra maintenant d’en assurer le suivi opérationnel.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
