La province du Kongo-Central traverse une crise de gouvernance sans précédent. Après les élus provinciaux, ce sont désormais 366 notaires représentant l’ensemble des groupements du territoire qui dénoncent avec véhémence les pratiques de gestion jugées « peu orthodoxes » de l’administration provinciale. Joseph Mabanga, président de cette structure représentative, a porté ces griefs sur la place publique lors d’une conférence de presse tenue à Kinshasa ce lundi 3 novembre 2025.
Le cœur du litige réside dans ce que les notables qualifient de « mise en place de structures parallèles » pour la gestion des péages provinciaux. La création d’une agence dédiée spécifiquement à la gestion du péage du Kongo-Central cristallise les tensions, tout comme les questions entourant la redevance pétrolière. Ces mécanismes institutionnels parallèles soulèvent des interrogations fondamentales sur la transparence et la légitimité des circuits de décision provinciaux.
Joseph Mabanga ne mâche pas ses mots en accusant le gouverneur Grâce Nkuanga Masuangi Bilolo de « fouler aux pieds les instructions de sa tutelle ». La délégation des responsabilités au sein de ces nouvelles structures suscite particulièrement l’ire des notables, qui dénoncent un système de nomination privilégiant les proches du gouvernorat. Cette gestion Kongo-Central fait-elle l’objet d’un détournement des procédures établies ? La question mérite d’être posée au regard de la gravité des accusations.
Dans ce contexte explosif, l’arrivée de l’équipe de l’Inspection générale des finances (IGF) dans la province apparaît comme une bouffée d’oxygène pour les détracteurs du gouvernorat. Les notables lancent un « appel pathétique » aux inspecteurs, les exhortant à accomplir leur mission avec la plus grande rigueur, conformément aux instructions présidentielles. L’inspection IGF Kongo-Central représente-t-elle le dernier rempart contre des dérives gestionnaires qui menacent les finances provinciales ?
La motion d’interpellation votée par l’assemblée provinciale le 31 octobre dernier vient renforcer cette pression institutionnelle. Le gouverneur devra s’expliquer sur plusieurs dossiers sensibles, dont la gestion de l’emprunt provincial de 20 millions de dollars, la rétrocession des recettes, les exonérations fiscales et l’arrêt inexplicable de chantiers publics majeurs. Les stades Lumumba de Matadi, Mfuki d’Inkisi, Socol de Boma, ainsi que le marché urbain de Matadi communément appelé « Marché Sud », constituent autant de projets paralysés qui interrogent sur la capacité de la province à mener à bien ses engagements de développement.
L’absence de réaction du cabinet du gouverneur face à ces accusations, malgré les tentatives de Radio Okapi pour obtenir sa version des faits, alimente le mystère autour de cette affaire. Les notables alerte ont-ils touché du doigt des dysfonctionnements majeurs dans l’administration provinciale ? La gestion des péages province représente-t-elle la partie émergée d’un iceberg de malversations ?
L’enjeu dépasse largement la simple querelle administrative. C’est la crédibilité même de l’institution provinciale qui se joue dans ce bras de fer entre le gouvernorat, les élus locaux et la société civile. La mission de l’IGF et la prochaine comparution du gouverneur devant l’assemblée provinciale constitueront des moments décisifs pour l’avenir politique de Grâce Nkuanga Masuangi Bilolo et pour la stabilité institutionnelle du Kongo-Central.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
