Dans l’arène diplomatique où se jouent les grandes destinées francophones, un paradoxe persiste depuis près d’un demi-siècle : comment expliquer que la République démocratique du Congo, plus vaste territoire francophone au monde, n’ait jamais présenté de candidat au Secrétariat général de l’Organisation internationale de la Francophonie ? Cette anomalie historique pourrait trouver sa résolution grâce à l’offensive stratégique menée par une diaspora congolaise déterminée à briser ce plafond de verre diplomatique.
Le Mouvement pour la Révolution des Élites (MOREL), collectif de jeunes Congolais ayant accompli leur parcours universitaire en France, s’est érigé en architecte de cette ambition nationale. Leur plaidoyer, minutieusement orchestré depuis plusieurs mois, a franchi une étape décisive avec une entreprise directe auprès du ministre délégué à la Francophonie et à la Diaspora. Jessy Kimeni, président de l’Assemblée générale du MOREL, souligne avec une conviction mesurée : « Notre ambition est d’obtenir le poste de Secrétaire général de la Francophonie parce que nous sommes le plus grand pays francophone au monde ».
La stratégie déployée par ces ambassadeurs informels révèle une compréhension aiguë des mécanismes décisionnels internationaux. Leur offensive épistolaire a ciblé les centres névralgiques du pouvoir français – l’Élysée, Matignon, le Quai d’Orsay – dans une démonstration de persévérance diplomatique. Cette approche multisectorielle interroge : les canaux traditionnels de la diplomatie congolaise suffisent-ils à porter les ambitions nationales sur la scène francophone ?
La question centrale demeure celle du profil idéal pour incarner cette candidature RDC Francophonie. Les artisans de cette initiative affichent une retenue stratégique, se gardant de désigner publiquement un favori, tout en affirmant avec force que le pays « regorge de personnalités de qualité ». Cette position soulève implicitement un enjeu fondamental : la capacité des autorités congolaises à identifier et soutenir une candidature consensuelle capable de fédérer les 88 États et gouvernements membres de l’OIF.
Le calendrier diplomatique s’accélère dangereusement. Les prochaines semaines s’annoncent déterminantes avec la tenue imminente du Conseil permanent de la Francophonie à Kigali, suivie de la réunion des ministres des Affaires étrangères. C’est à l’issue de ce dernier rendez-vous que sera officiellement lancé l’appel à candidatures pour le poste de Secrétaire général Francophonie. La RDC parviendra-t-elle à saisir cette opportunité historique ?
L’implication de la diaspora congolaise France dans ce combat symbolise une évolution notable dans la participation des nouvelles élites aux enjeux stratégiques nationaux. Le MOREL, par son plaidoyer MOREL incessant, incarne cette génération connectée, formée aux arcanes des relations internationales, déterminée à infléchir le cours de la diplomatie congolaise. Leur action questionne la capacité des structures étatiques traditionnelles à intégrer ces forces vives émergentes.
Le prochain sommet Francophonie 2026 au Cambodge constituera l’aboutissement de ce processus de sélection. Entre-temps, la bataille des influences se jouera dans les coulisses des capitales francophones, où la candidature congolaise devra convaincre au-delà des seuls arguments démographiques. La véritable question sous-jacente étant : la Francophonie institutionnelle est-elle prête à accorder sa plus haute fonction au géant linguistique africain ?
Cette initiative de la diaspora congolaise dépasse la simple revendication symbolique. Elle interroge fondamentalement la place de la RDC dans le concert des nations francophones et sa capacité à transformer son poids démographique en influence politique. Le succès de cette entreprise dépendra de la cohérence entre l’ambition affichée et la qualité de la candidature présentée, mais aussi de l’unité que sauront manifester l’ensemble des acteurs congolais dans ce projet fédérateur.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
