La République Démocratique du Congo a dévoilé une stratégie ambitieuse de reconstruction Nord-Kivu et du Sud-Kivu lors de la conférence Paris paix organisée par la France en coordination avec le Togo. Le président Félix Tshisekedi Grands Lacs a présenté un plan chiffré à 5 milliards dollars RDC destiné à relancer la vie économique et sociale dès la cessation des hostilités dans l’Est du pays.
Ce projet, qualifié de “pacte national et international” par le chef de l’État congolais, mobilisera le gouvernement, les partenaires bilatéraux et multilatéraux, ainsi que les acteurs humanitaires et du secteur privé. Comment cette initiative peut-elle transformer durablement une région marquée par des décennies de conflits ? La réponse réside dans l’approche multidimensionnelle proposée, combinant urgence humanitaire et développement structurel.
Le plan reconstruction Kivu prévoit la réouverture des écoles, la réhabilitation des centres de santé, la reconstruction des routes et le rétablissement des services sociaux essentiels. L’objectif affiché : permettre le retour digne des personnes déplacées tout en garantissant la sécurité alimentaire des populations. “Nourrir une famille, c’est déjà commencer la paix”, a souligné le président Tshisekedi lors de son intervention à Paris.
Au-delà de l’aspect matériel, le plan inclut un volet juridique conséquent. Le renforcement du cadre de protection des populations vulnérables et la poursuite des auteurs de violations des droits humains constituent le deuxième pilier de cette stratégie. L’intégration de la Convention de Kampala de l’Union africaine en droit national et l’adoption d’un dispositif légal pérenne de financement humanitaire témoignent de cette volonté d’ancrer durablement la protection des civils.
Le troisième engagement présidentiel vise à transformer la crise sécuritaire en levier de stabilité régionale. Cette vision repose sur un postulat simple mais fondamental : la paix durable dans les Grands Lacs passe par l’intégration économique et la prospérité partagée. Fini l’ère du pillage des ressources, place à la coopération économique formelle, aux infrastructures interconnectées et à l’industrialisation locale.
La conférence de Paris représente-t-elle un tournant décisif pour la région ? Les initiateurs de cette rencontre internationale estiment qu’elle offre une occasion concrète de réaffirmer l’engagement de la communauté internationale en faveur de la paix et du développement dans les Grands Lacs. La coordination entre la France, le Togo, les États-Unis, le Qatar et l’Union africaine pourrait constituer le catalyseur nécessaire pour concrétiser cette ambition.
Le succès de ce plan de reconstruction Nord-Kivu dépendra cependant de plusieurs facteurs clés : la cessation effective des hostilités, la mobilisation effective des fonds promis, et la coordination efficiente entre les multiples acteurs impliqués. La transparence dans la gestion des ressources et l’inclusion de toutes les communautés locales représentent autant de défis que devra relever cette initiative sans précédent.
Alors que la RDC s’apprête à déployer ce vaste programme, les regards se tournent vers la communauté internationale. Son soutien constant et son engagement financier détermineront dans une large mesure la capacité de ce plan reconstruction Kivu à apporter une paix durable aux populations de l’Est congolais. L’enjeu dépasse largement les frontières de la RDC : il s’agit rien moins que de stabiliser toute la région des Grands Lacs africains.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
