« Notre pays n’est pas développé parce que c’est un pays de la kleptoculture, c’est-à-dire la culture du vol. » Ces mots, prononcés par le professeur Abbé Apollinaire Cikongo Cibaka, ont résonné comme un coup de tonnerre dans la salle du 5ᵉ colloque interdisciplinaire de Ngandanjika. Le diagnostic est sans appel, et il frappe au cœur des défis du développement RDC.
Comment expliquer que la RDC, pays aux ressources naturelles immenses, peine toujours à décoller économiquement ? La réponse du recteur de l’Université Officielle de Mbuji-Mayi est cinglante : « Il y a l’abondance des biens, mais un déficit de personnes honnêtes. Toutes nos personnalités brillent dans tous les domaines, mais il nous manque l’honnêteté. »
Ce colloque Ngandanjika, qui réunit plus d’une vingtaine de professeurs venus du Congo et du Japon, s’est transformé en tribunal de la conscience nationale. Les participants, venus analyser « Les rêves congolais de développement », ont été confrontés à une vérité dérangeante : la kleptoculture ronge les fondements mêmes de notre société.
« Ça ne marche pas parce que nous sommes des voleurs », a insisté le directeur des Éditions Ditunga, pointant du doigt cette culture qui semble avoir contaminé tous les niveaux de la société congolaise. Mais au-delà de ce constat sévère, le professeur Cibaka propose des solutions concrètes pour le développement RDC.
Le projet Ditunga, qui célèbre son anniversaire lors de ce colloque, pourrait servir de modèle. Cette structure de développement œuvre depuis plusieurs années pour la promotion du bien-être communautaire dans la région, démontrant qu’une autre approche est possible.
« Nous devons repenser le Congo », plaide le professeur Cibaka. Son remède ? Un État fort qui sanctionne sévèrement le vol, et une éducation à l’honnêteté dès le plus jeune âge. « Il faut promouvoir la culture de l’honnêteté dans toutes les institutions d’enseignement : maternelles, primaires, secondaires et universitaires », recommande-t-il.
L’université Mbuji-Mayi, représentée par son recteur, semble prête à prendre ce défi à bras-le-corps. Les travaux de ce colloque, qui se poursuivent jusqu’au samedi 1ᵉʳ novembre, pourraient marquer un tournant dans la réflexion sur le développement du pays.
Les chercheurs présents à ce colloque Ngandanjika analysent diverses expériences, tant publiques que privées, cherchant à construire un nouveau modèle congolais de développement. Un modèle qui serait fondé sur la responsabilité, la justice et la solidarité, en rupture avec la kleptoculture dénoncée.
Mais la question demeure : comment transformer cette prise de conscience en action concrète ? Comment faire reculer cette culture du vol qui entrave le développement RDC depuis des décennies ? Les échanges entre chercheurs, universitaires et acteurs de terrain pourraient ouvrir des pistes de solution.
Le projet Ditunga montre déjà la voie, mais sa généralisation nécessitera un engagement collectif. L’appel du professeur Cibaka à une refondation culturelle et morale trouve un écho particulier dans ce contexte de recherche de nouvelles voies pour le développement.
Alors que les travaux se poursuivent, une certitude émerge : le développement de la RDC passera nécessairement par une lutte sans merci contre la kleptoculture. Le colloque de Ngandanjika aura au moins eu le mérite de poser clairement les termes de ce défi fondamental pour l’avenir du pays.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

