Les eaux du lac Albert, autrefois bienveillantes, se déchaînent aujourd’hui avec une violence imprévisible. Dans la province de l’Ituri, le changement climatique n’est plus une menace abstraite mais une réalité qui frappe aux portes des communautés riveraines. Comment ces populations peuvent-elles survivre face à cette transformation écologique brutale qui menace leurs moyens de subsistence?
La plateforme environnementale « Terre sans Pétrole » a déclenché une vaste offensive de sensibilisation à Bunia et dans la plaine du lac Albert. Cette mobilisation intervient alors que les signaux d’alarme environnementaux se multiplient : baisse dramatique de la production agricole, inondations récurrentes qui engloutissent maisons et champs, et dégâts matériels croissants dans les localités riveraines. Le lac Albert, ce géant d’eau douce, semble aujourd’hui asphyxié par les bouleversements climatiques et les activités humaines.
Dieudonné Kasonia, secrétaire permanent de la plateforme, alerte sur l’urgence de la situation. « L’environnement nous appartient, mais lorsque nous le gérons mal, il peut nous chasser », souligne-t-il avec une gravité qui témoigne de l’ampleur de la crise. Ses équipes se déploient dans les marchés et villages lacustres de Tchomia et Kasenyi, où les habitants subissent une double peine : les conséquences du changement climatique en Ituri et les retombées de l’exploitation pétrolière en Ouganda.
Les pêcheurs locaux constatent avec amertume la diminution inquiétante de leurs prises. Le poisson, lorsqu’il est encore présent, aurait même perdu sa saveur originelle, comme si les eaux du lac étaient empoisonnées par les activités industrielles voisines. Dans les champs, le constat est tout aussi alarmant : les rendements agricoles ont chuté de près de 50% dans des zones qui constituaient autrefois les greniers de la province.
Cette crise environnementale provoque une dépendance accrue aux importations venant du Kenya, de la Tanzanie et de l’Ouganda. Les commerçants locaux, contraints de s’approvisionner à l’étranger, voient leurs marges s’effriter tandis que les populations subissent de plein fouet cette précarité économique grandissante. Les inondations du lac Albert et des rivières voisines ont déjà causé la destruction de nombreuses habitations et la perte de précieux champs agricoles.
Face à cette urgence écologique, la sensibilisation environnementale à Bunia et dans la région du lac Albert devient une question de survie. La plateforme « Terre sans Pétrole » propose des gestes écologiques simples mais essentiels : planter des arbres pour lutter contre l’érosion, gérer les déchets de manière responsable, et surtout, revendiquer ses droits face aux décisions environnementales contestées.
Cette mobilisation s’inscrit dans la dynamique nationale lancée en prélude à la COP 30, prévue en novembre prochain au Brésil. Elle vise à faire de la lutte contre le changement climatique une priorité partagée entre citoyens, autorités et partenaires internationaux. La production agricole en RDC, particulièrement dans la région de l’Ituri, se trouve au cœur de cet enjeu vital.
Les inondations du lac Albert ne sont-elles pas le symptôme d’un déséquilibre plus profond qui menace l’ensemble de l’écosystème régional? Alors que l’exploitation pétrolière en Ouganda continue de peser sur l’environnement transfrontalier, les communautés riveraines attendent des actions concrètes et immédiates. Le temps n’est plus aux discours mais à l’action, car chaque jour perdu aggrave un peu plus la détresse écologique et humaine dans cette région pourtant si riche en potentialités naturelles.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
