Dans un geste politique aussi soudain que significatif, André Masala a choisi de tourner la page à la tête de l’Assemblée provinciale du Kwango. Sa démission, déposée en mains propres ce mercredi 29 octobre, intervient à quelques heures seulement de l’audition cruciale du rapport de la commission ad hoc chargée d’examiner la pétition le visant directement. Ce timing pour le moins stratégique interroge sur les véritables motivations d’un président qui semblait pourtant déterminé à se maintenir.
Que cache donc cette décision présentée comme un acte d’abnégation ? Dans sa correspondance, l’ancien président de l’Assemblée provinciale du Kwango affirme privilégier « l’intérêt de la province et la stabilité des institutions provinciales » plutôt que sa propre personnalité. Une déclaration noble en apparence, mais qui ne parvient pas à masquer l’ampleur de la crise institutionnelle qui secoue la province. Comment interpréter cette retraite soudaine, si ce n’est comme l’aveu implicite d’une bataille politique perdue d’avance ?
Le vice-président Anicet Mbangala, qui a présidé la plénière initialement prévue pour examiner le rapport sur André Masala, parle quant à lui d’« acte de haute sportivité ». Un euphémisme politique qui dissimule mal la réalité : le président démissionnaire avait tout simplement perdu la confiance de la majorité des élus. La démission président assemblée Kwango apparaît ainsi comme l’épilogue d’une crise ouverte il y a près de deux semaines, lorsque quatorze députés avaient signé une pétition réclamant son départ.
Cette instabilité politique Kwango ne se limite pas à la seule personne d’André Masala. La province traverse une période de turbulences institutionnelles sans précédent, avec des motions de défiance se multipliant contre différentes figures politiques. Quatre autres députés ont ainsi initié une procédure contre le gouverneur, tandis qu’une nouvelle pétition visait d’autres membres du bureau. Cette cascade de remises en question traduit-elle une crise de gouvernance plus profonde, ou simplement des luttes de pouvoir intestines ?
La situation avait suffisamment alarmé les autorités nationales pour que le Vice-Premier ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, convoque à Kinshasa l’ensemble des protagonistes. Le message était clair : il faut respecter l’acte d’engagement signé lors de l’atelier sur le fonctionnement et la stabilisation des institutions provinciales. Le VPM n’avait pas mâché ses mots, soulignant que ces initiatives pétitionnaires « ne reposaient sur aucun soubassement légal ». Un rappel à l’ordre qui semble être arrivé trop tard pour sauver la présidence d’André Masala.
La démission d’André Masala Kwango ouvre maintenant une période d’incertitude quant à la succession. Anicet Mbangala a annoncé la définition prochaine d’un calendrier pour l’élection du nouveau président. Mais cette transition pourra-t-elle vraiment apaiser les tensions qui déchirent l’assemblée ? La crise institutionnelle Kwango a révélé des fractures profondes au sein de la classe politique locale, et le départ d’un homme ne suffira probablement pas à résoudre des antagonismes structurels.
Cette affaire pose également la question plus large de la stabilité des institutions en République Démocratique du Congo. Les pétitions députés Kwango et les motions de défiance à répétition menacent-elles la gouvernance des entités décentralisées ? Le cas du Kwango pourrait bien constituer un précédent inquiétant pour d’autres provinces confrontées à des divisions similaires.
Alors que la page André Masala se tourne, l’avenir institutionnel du Kwango reste suspendu à la capacité des acteurs politiques à dépasser leurs intérêts particuliers. La désignation du prochain président de l’Assemblée constituera un premier test décisif pour mesurer la volonté réelle de apaisement après cette crise ouverte. La stabilité de la province en dépend, et au-delà, la crédibilité même du processus de décentralisation en RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
