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Protection enfant RDC : l’étude IBCR révèle un système fragile face à l’exploitation

Le visage de Joséphine, 14 ans, rencontrée dans un quartier populaire de Kinshasa, raconte à lui seul le drame silencieux que vivent des milliers d’enfants en République Démocratique du Congo. « Je vends des beignets depuis que j’ai 10 ans. Parfois, des hommes me proposent de l’argent pour les accompagner dans des hôtels », confie-t-elle, les yeux baissés. Son témoignage reflète la dure réalité que documente l’étude du Bureau international des droits des enfants sur le système de protection enfant RDC.

Cette enquête exhaustive, menée dans trois villes congolaises stratégiques, dresse un constat accablant : comment un pays doté d’un arsenal législatif solide peut-il encore laisser ses enfants dans une telle vulnérabilité ? La réponse se niche dans les failles béantes d’un système qui peine à passer de la théorie à la pratique.

L’étude IBCR enfants a mobilisé pas moins de 1 029 acteurs du système de protection, allant des forces de l’ordre aux travailleurs sociaux, en passant par des secteurs moins conventionnels comme le tourisme et les transports. La méthode employée, rigoureuse et inclusive, a également donné la parole à 70 enfants vulnérables et réalisé 41 entretiens individuels avec des victimes d’exploitation. Ces chiffres ne sont pas que des statistiques – ils représentent autant de vies confrontées à la dure réalité de l’exploitation économique enfants.

Les résultats sont sans appel. Mahamadi Oubda, représentant pays de l’IBCR, ne mâche pas ses mots : « La RDC dispose de textes légaux robustes, mais leur application reste un défi majeur ». Le problème ne serait donc pas l’absence de lois, mais leur mise en œuvre défaillante. Comment expliquer qu’avec un cadre juridique protecteur, des enfants continuent à être exploités dans les mines, les marchés et même dans le secteur du tourisme ?

La ministre du Genre, de la Famille et de l’Enfant, Micheline Ombae Kalama, dresse un tableau sombre mais réaliste des défis. « La pauvreté persistante fragilise les familles et augmente les risques d’abandon. Le travail des enfants et l’exploitation domestique, l’instabilité sécuritaire dans certaines provinces continue à faire des victimes ». Ces mots résonnent comme un aveu d’impuissance face à l’ampleur du phénomène.

L’analyse révèle cinq obstacles majeurs au bon fonctionnement du système protection enfant RDC. D’abord, l’absence criante d’un cadre légal de formation pour les acteurs, qu’ils soient policiers, juges ou travailleurs sociaux. Ensuite, la coordination entre les différents intervenants ressemble à un dialogue de sourds – chacun travaillant dans son coin sans vision commune. Troisièmement, la participation des enfants reste symbolique, leurs voix étant rarement prises en compte dans les décisions qui les concernent. Quatrièmement, les moyens humains et matériels font cruellement défaut, surtout dans les provinces éloignées de la capitale. Enfin, l’application des lois existantes reste timide, comme si la protection des droits enfants Congo n’était pas une priorité absolue.

Marie-Claude, représentante internationale de l’IBCR, lance un appel pressant à l’action. « Au-delà du diagnostic, c’est l’action concertée qui donnera tout son sens à ce processus. Nous devons considérer l’enfant comme l’acteur d’aujourd’hui ». Son plaidoyer soulève une question fondamentale : jusqu’à quand continuera-t-on à parler des enfants sans les écouter véritablement ?

Le Canada, partenaire financier du projet, voit dans cette étude un outil stratégique pour renforcer la gouvernance du secteur. Mais les bonnes intentions suffiront-elles à changer la donne ? Les enfants rencontrés lors de l’enquête, comme ce garçon de 15 ans privé de liberté à Matadi, attendent plus que des discours. « Je veux juste retrouver ma famille et retourner à l’école », murmure-t-il, les menottes encore visibles dans son regard.

La route vers une protection effective des enfants en RDC semble encore longue. Entre les textes de loi et la réalité du terrain, le fossé reste immense. L’étude IBCR a le mérite de pointer les dysfonctionnements avec précision. Reste maintenant à transformer cette photographie alarmante en plan d’action concret. La jeunesse congolaise, son avenir et sa dignité en dépendent. Car chaque enfant exploité, chaque mineur privé de liberté, chaque jeune victime de tourisme sexuel représente un échec collectif que la nation ne peut plus se permettre.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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