La République Démocratique du Congo franchit une étape décisive dans la réforme de son système de santé avec le lancement officiel de la Cellule de Coordination et de Suivi des Résultats (CCSR). Cet organe stratégique, inauguré ce mardi 28 octobre sous l’égide de la Première ministre Judith Suminwa, représente le fer de lance du Plan stratégique national pour la Couverture Santé Universelle en RDC.
Mais pourquoi cette structure suscite-t-elle autant d’attentes ? La réponse réside dans les défis persistants du système santé congolais. Pendant trois jours, du 28 au 30 octobre, experts nationaux et internationaux vont définir le mandat, le périmètre d’action et les principes directeurs de cette cellule qui ambitionne de devenir le moteur de performance du secteur sanitaire.
La Première ministre Judith Suminwa a souligné lors de son discours d’ouverture : « La Cellule de Coordination et de Suivi des Résultats du secteur de la santé n’est pas une structure de plus, mais un levier stratégique pour garantir que chaque engagement pris se traduise en résultats tangibles pour nos populations ». Cette déclaration forte témoigne de la volonté politique d’ancrer la culture des résultats dans la gestion de la santé publique.
Le ministre de la Santé, Roger Kamba, a pour sa part identifié avec précision les faiblesses historiques du système : « Notre pays n’a jamais manqué de projets, ni de stratégies, ni d’ambitions. Ce qui nous a souvent manqué, c’est la rigueur du suivi et la capacité à traduire nos engagements en résultats concrets ». Cette analyse sans concession explique la nécessité de créer un mécanisme dédié au suivi rigoureux des interventions sanitaires.
Comment fonctionnera concrètement cette Cellule Coordination Suivi Résultats ? Elle s’alignera sur la Delivery Unit de la Primature et intégrera une capacité d’analyse soutenue par l’initiative Financial Advisory Strategy Task Force (FAST). Cette architecture technique vise à fournir des analyses financières précises pour orienter les actions stratégiques du secteur de la santé.
La particularité innovante de cette approche réside dans sa philosophie d’accompagnement plutôt que de contrôle. Comme l’a expliqué le ministre Kamba : « Cette cellule accompagnera nos programmes, nos directions et nos partenaires, non pas pour les contrôler, mais pour les aider à performer, anticiper, apprendre et s’ajuster ». Cette vision collaborative pourrait révolutionner la gestion des projets de santé en RDC.
Trad Hatton, directeur pays de PATH en RDC, a salué une initiative « qui tombe à point nommé », soulignant que « des données de qualité sont la clé d’un système de santé plus équitable, plus efficace et plus résilient ». Son organisation appuie techniquement cette réforme qui marque selon lui « le début d’une nouvelle approche, plus collaborative et transparente ».
Quels bénéfices concrets les Congolais peuvent-ils attendre de cette réforme ? La CCSR devrait permettre d’améliorer significativement la transparence dans l’utilisation des ressources sanitaires, d’optimiser l’exécution budgétaire souvent problématique, et de renforcer la chaîne d’approvisionnement en médicaments et produits de santé.
La feuille de route qui sera élaborée durant cet atelier définira les actions clés, les responsabilités et les échéances pour le lancement effectif de la cellule. L’alignement avec les priorités nationales, notamment le Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) et la Couverture Santé Universelle, garantira la cohérence de l’action gouvernementale.
Cette initiative s’inscrit dans la vision plus large de Judith Suminwa santé qui place la réforme du système de santé parmi les priorités absolues de son action gouvernementale. Le succès de cette cellule dépendra de sa capacité à instaurer une culture de redevabilité et à produire des données fiables pour éclairer les décisions politiques.
La RDC prend ainsi un virage stratégique dans la gestion de son système santé congolais. Si la CCSR parvient à remplir sa mission, elle pourrait servir de modèle pour d’autres secteurs de l’administration publique, démontrant que la rigueur dans le suivi et l’évaluation est la clé de la performance des politiques publiques.
Reste maintenant à traduire cette ambition en résultats concrets. La route sera longue, mais la mise en place de cette structure spécialisée représente un signal fort envoyé à la population congolaise et aux partenaires techniques et financiers : la RDC est déterminée à relever le défi de la Couverture Santé Universelle.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd

