La République Démocratique du Congo prend un virage décisif dans sa gouvernance environnementale. Ce mercredi à Kinshasa, dans le cadre de la Semaine nationale du climat, un événement historique a rassemblé les 26 ministres provinciaux en charge de l’Environnement autour de Marie Nyange Ndambo, ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Nouvelle Économie du Climat. Une rencontre qui pourrait bien changer la donne écologique du pays.
Face à l’urgence climatique qui frappe le bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète, le gouvernement congolais orchestre une révolution silencieuse. Comment construire une politique climatique RDC efficace sans impliquer toutes les strates de décision ? La réponse se trouve dans cette collaboration inédite entre le niveau central et provincial.
« Nous allons prendre une décision par une circulaire qui obligera les coordinations provinciales à collaborer étroitement avec les ministères provinciaux », a annoncé la ministre Nyange Ndambo, martelant l’importance d’une action concertée. Le message est clair : l’environnement ne peut plus être l’affaire d’un seul ministère, mais doit devenir la préoccupation de toutes les institutions.
Cette synergie naissante entre administration centrale et gouvernements locaux représente un tournant dans l’approche environnementale congolaise. La forêt en détresse appelle à l’union, et les autorités semblent enfin l’entendre. La ministre insiste : « On ne peut pas travailler dans le secteur de l’environnement sans impliquer tout le monde ». Une prise de conscience qui arrive à point nommé, alors que la déforestation continue de grignoter le précieux couvert forestier congolais.
Le programme « La Forêt, c’est nous » se présente comme le fer de lance de cette nouvelle stratégie. Initiative citoyenne par excellence, ce projet place les Congolais au cœur de la gestion durable de leurs ressources naturelles. Traduisant la vision du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, ce programme positionne la RDC comme « pays-solution » dans la bataille mondiale contre le changement climatique.
Mais cette ambition se heurte à une réalité provinciale complexe. Le ministre provincial du Kasaï Central, Kabuanga Kabongo Thotho, a dressé un tableau sans complaisance des défis terrain : manque criant de ressources, personnel insuffisant et vieillissant, moyens logistiques dérisoires, conditions de travail précaires. Autant d’obstacles qui pourraient entraver la mise en œuvre de cette belle vision.
La réponse ministérielle ? La création d’un cadre permanent de concertation entre le ministère national et les ministres provinciaux. Cette structure vise à harmoniser les politiques publiques, faciliter les échanges d’expériences et améliorer l’exécution des programmes environnementaux sur l’ensemble du territoire. Une avancée significative vers une collaboration provinces environnement effective.
« Je dois avouer que nous sommes vraiment touchés par le fait que la ministre ait été sensible à tout ce que nous avons relevé comme difficultés », a reconnu le ministre provincial du Kasaï Central. Un signe encourageant que le dialogue entre Kinshasa et les provinces pourrait enfin porter ses fruits.
La route reste longue, mais cette rencontre historique marque un premier pas vers une gestion environnementale réellement décentralisée. La forêt congolaise, patrimoine mondial en péril, mérite plus que des discours. Elle exige des actions concrètes, coordonnées et impliquant tous les acteurs. Le programme La Forêt c’est nous sera-t-il le catalyseur de cette transformation tant attendue ? L’avenir écologique de la RDC se joue maintenant, dans cette alliance renouvelée entre le pouvoir central et les forces vives des provinces.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd
