Les visages rayonnants des élèves de l’école Kamatete en ce mardi 28 octobre 2025 en disent long sur l’importance de cette journée historique pour Lubumbashi. « Avant, nous étudions sous des hangars de fortune, la pluie nous chassait souvent des classes », témoigne Jean, 12 ans, élève en sixième année. Aujourd’hui, lui et ses camarades disposent enfin de salles de classe dignes de ce nom, construites grâce à la dotation minière RDC.
Dans la commune annexe de Lubumbashi, c’est une véritable transformation sociale qui s’opère sous nos yeux. L’entreprise minière du Congo Dongfang Mining (CDM) a financé la réhabilitation complète de l’école Kamatete, tandis que la Société minière du Katanga (SOMIKA) a érigé une école de six salles de classe et un bureau administratif à Mukunto. Plus impressionnant encore, au village Kawama dans le territoire de Kipushi, un hospice pour personnes âgées vient d’ouvrir ses portes, offrant aux aînés des conditions de vie décentes.
Mais derrière ces réalisations concrètes se cache une question fondamentale : les entreprises minières Haut-Katanga respectent-elles toutes leurs obligations légales ? La ministre des Affaires sociales, Eve Bazaiba, présente lors de l’inauguration, a salué ces infrastructures sociales Lubumbashi comme « une opportunité pour le peuple congolais de bénéficier des retombées de l’exploitation minière ». Pourtant, un rapport accablant de l’ONG AFREWATCH publié en septembre 2025 révèle que plus de 60% des entreprises minières de la région n’ont pas encore mis en place l’organisme DOT requis par la loi.
Le mécanisme de la DOT Congo, cette dotation obligatoire de 0,3% du chiffre d’affaires des entreprises minières destinée aux communautés locales, représente-t-il une révolution dans le développement communautaire mines ? Sur les 58 sociétés en activité dans le Haut-Katanga, seules 15 respectent actuellement cette obligation légale. Cette situation paradoxale soulève des interrogations sur l’effectivité du contrôle étatique et la volonté réelle des opérateurs miniers de contribuer au développement des zones qu’ils exploitent.
« Ces infrastructures changent notre quotidien », confie Mama Léontine, habitante du quartier Mukunto. « Mais nous nous demandons pourquoi certaines entreprises refusent de participer à cet effort collectif alors qu’elles extraient nos richesses depuis des années ». Cette interrogation résonne comme un cri du cœur dans une province où l’exploitation minière rime trop souvent avec précarité pour les populations riveraines.
Le développement communautaire mines peut-il véritablement transformer le visage du Haut-Katanga si les deux tiers des entreprises minières échappent à leurs obligations ? La dotation minière RDC représente pourtant un levier essentiel pour corriger les déséquilibres structurels entre la richesse extraite du sous-sol et la pauvreté visible en surface. Les infrastructures sociales Lubumbashi inaugurées ce mardi démontrent l’immense potentiel de ce mécanisme lorsqu’il est correctement appliqué.
Alors que le gouvernement congolais mise sur une meilleure redistribution des revenus miniers, la question de la mise en œuvre effective de la DOT Congo reste entière. Les communautés locales, longtemps laissées pour compte, observent avec un mélange d’espoir et de scepticisme ces premiers résultats tangibles. Entre réalisations concrètes et manquements massifs, la route vers un développement minier véritablement inclusif semble encore longue.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
