Alors que la République Démocratique du Congo fait face à des défis persistants dans son système éducatif, une initiative prometteuse vient d’être lancée pour révolutionner l’apprentissage des enfants. Le projet Niveau+, porté par le ministère de l’Éducation nationale et nouvelle citoyenneté en partenariat avec Street Child et l’UNICEF, pourrait bien représenter un tournant décisif pour l’éducation congolaise.
Mais en quoi consiste exactement cette approche TARL qui fait tant parler d’elle ? L’Enseignement au bon niveau repose sur un principe simple mais révolutionnaire : adapter l’enseignement au niveau réel de l’enfant plutôt qu’à son âge ou sa classe théorique. Une méthode qui semble évidente, mais qui constitue pourtant une rupture avec les pratiques éducatives traditionnelles.
Ernest Tombi, directeur chef de service de la Direction de la francophonie au ministère, ne cache pas son enthousiasme : « L’approche TARL place l’enfant au centre de l’apprentissage, en adaptant l’enseignement à son niveau, plutôt qu’à son âge ou sa classe. » Une philosophie qui répond aux défis spécifiques du contexte congolais, où les disparités d’apprentissage peuvent être considérables au sein d’une même classe.
Le projet Niveau+ ne se contente pas d’une simple expérimentation. Avec un déploiement prévu dans 324 écoles réparties dans quatre provinces stratégiques – Nord-Kivu, Sud-Kivu, Kasaï et Kinshasa – l’initiative touchera plus de 170 000 élèves. Un chiffre impressionnant qui démontre l’ambition des porteurs du projet. Mais comment garantir un impact réel à si grande échelle ?
La réponse réside dans la formation en cascade qui débute dès ce mardi 28 octobre. Plus de 50 inspecteurs venus des provinces cibles vont être formés à l’approche TARL, avant de retourner dans leurs entités pour former à leur tour les enseignants. Un mécanisme essentiel pour assurer la pérennité du projet et son appropriation par les acteurs locaux.
Francis Ndem, chargé de la section Éducation à l’UNICEF en RDC, souligne l’importance de cette approche pour les enfants les plus vulnérables : « Grâce à l’approche TARL, même des enfants des zones affectées par les conflits armés et autres crises ne vont pas connaître de retard dans leurs apprentissages. » Une dimension cruciale dans un pays où de nombreuses régions restent marquées par l’instabilité.
Jean-Claude Mohindo, directeur général de Street Child, voit dans ce projet une opportuné de transformation plus large : « Ce projet va aider à sortir la RDC des pays dont les diplômes des citoyens ne reflètent pas les connaissances acquises. » Un constat sévère qui pointe du doigt les lacunes du système éducatif actuel, mais aussi une vision ambitieuse pour l’avenir.
Le choix des quatre provinces pilotes n’est pas anodin. Elles correspondent aux quatre zones linguistiques du pays, permettant ainsi de capitaliser sur les différences et spécificités provinciales avant un éventuel déploiement national. Une stratégie prudente mais réaliste, qui reconnaît la complexité du terrain congolais.
Au-delà des chiffres et des mécanismes techniques, le projet Niveau+ représente surtout un changement de paradigme dans la manière d’envisager l’éducation en RDC. En ciblant spécifiquement les compétences fondamentales en calcul, lecture et écriture, et en impliquant plus de 32 000 parents et membres des communautés, l’initiative crée les conditions d’un écosystème éducatif plus cohérent et efficace.
Reste maintenant à voir comment cette belle ambition se traduira concrètement dans les salles de classe. La réussite du projet Niveau+ dépendra de nombreux facteurs : l’engagement des enseignants, l’adhésion des communautés, mais aussi la capacité du gouvernement et de ses partenaires à maintenir leur soutien dans la durée. Une chose est certaine : l’approche TARL au Congo représente une lueur d’espoir pour des milliers d’enfants qui méritent une éducation de qualité, adaptée à leurs besoins réels.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
