Dans un coup de force politique qui marquera durablement la vie institutionnelle de la province, l’assemblée provinciale de la Tshopo a prononcé ce lundi 27 octobre 2025 la destitution du gouverneur Paulin Lendongolia. Cette décision historique, prise en l’absence totale de la personne concernée, soulève des questions fondamentales sur les pratiques démocratiques et la stabilité des institutions provinciales en République Démocratique du Congo.
Le scénario qui s’est déroulé dans l’hémicycle de Kisangani relève-t-il de la sanction méritée ou de l’opération politique soigneusement orchestrée ? Les 18 députés provinciaux présents ont voté à l’unanimité pour la motion de défiance initialement signée par seulement 8 élus. Une adhésion massive qui interroge sur la soudaineté de cette défiance et la solidité préalable du soutien politique dont bénéficiait le gouverneur Lendongolia.
L’absence remarquée du gouverneur lors de cette plénière cruciale constitue sans doute l’élément le plus controversé de cette affaire. Paulin Lendongolia a-t-il sous-estimé la gravité de la situation ou bien son absence traduit-elle une stratégie de contournement des institutions provinciales ? Dans sa correspondance au président de l’assemblée provinciale, le gouverneur destitué a plaidé le défaut de convocation officielle, réclamant le report de la session. Un argument que les élus n’ont pas jugé recevable, précipitant ainsi le vote décisif.
Les accusations portées par le député Bienvenu Bolongue, rapporteur de la motion, dessinent le portrait accablant d’un gouvernorat en déroute : incapacité managériale, détournements de fonds publics, mauvaise gestion chronique et multiplication des foyers de conflits coutumiers. Des griefs suffisamment graves pour justifier une destitution, mais dont la démonstration complète reste à établir devant l’opinion publique.
La procédure de destitution immédiate, sans véritable débat contradictoire, laisse perplexe quant au respect des principes élémentaires du droit à la défense. Le gouverneur Lendongolia se retrouve dans l’obligation de présenter sa lettre de démission au Président de la République dans un délai de 48 heures, tandis que le vice-gouverneur est chargé d’expédier les affaires courantes. Cette transition précipité risque de créer un vide politique dangereux dans une province déjà confrontée à de multiples défis.
Cette crise politique dans la Tshopo s’inscrit dans un contexte national marqué par l’instabilité des exécutifs provinciaux. Faut-il y voir un simple ajustement démocratique ou le symptôme d’une fragilité structurelle des institutions congolaises ? La rapidité avec laquelle une motion initialement portée par une minorité de députés a pu recueillir l’unanimité des présents soulève des interrogations sur les véritables motivations de cette destitution.
Les prochains jours seront décisifs pour évaluer les conséquences réelles de cette décision. Le gouverneur Lendongolia contestera-t-il sa destitution devant les instances judiciaires compétentes ? L’administration provinciale parviendra-t-elle à fonctionner normalement sous l’autorité du vice-gouverneur ? Cette crise institutionnelle affectera-t-elle le développement de la province et la confiance des partenaires techniques et financiers ?
Cette destitution du gouverneur de la Tshopo, au-delà du cas particulier de Paulin Lendongolia, pose des questions fondamentales sur l’équilibre des pouvoirs et le fonctionnement des institutions démocratiques en RDC. Elle intervient à un moment où le pays tout entier observe avec attention la capacité de ses provinces à gérer leurs affaires internes de manière apaisée et respectueuse des règles établies.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
