Dans un contexte sécuritaire déjà extrêmement tendu, la République Démocratique du Congo doit désormais faire face à une nouvelle menace, plus insidieuse mais tout aussi dangereuse : la résurgence des crises au sein des institutions provinciales. La révélation, tombée lors de la 64e réunion du Conseil des ministres présidée par Félix Tshisekedi, jette une lumière crue sur les fragilités internes qui minent l’édifice étatique congolais.
La vice-ministre de l’Intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières, Eugénie Tshela Kamba, a dressé un tableau alarmant de la situation devant le gouvernement. Comment expliquer que, face à l’agression rwandaise via la rébellion du M23 dans l’Est du pays, certaines forces politiques persistent à fragiliser délibérément la stabilité institutionnelle ? La question mérite d’être posée, tant le timing de ces crises provinciales interpelle.
Le compte-rendu de la réunion du 24 octobre 2025 est sans équivoque : les provinces de Mai Ndombe, Lomami et Kwango sont particulièrement touchées par ces tensions institutionnelles. Mais au-delà de ces cas spécifiques, le gouvernement craint une extension du phénomène à d’autres entités territoriales. La gouvernance des provinces apparaît comme le principal point de friction, avec des mécanismes de fonctionnement des assemblées provinciales qui semblent dysfonctionnels.
Le contrôle parlementaire des exécutifs provinciaux cristallise les tensions, mais la vice-ministre Tshela Kamba a pointé un problème plus fondamental : l’influence néfaste de certains leaders politiques et chefs de partis qui, depuis Kinshasa, « tirent les ficelles » dans le seul objectif de prendre le contrôle de certaines provinces. Cette révélation n’est pas anodine. Ne assiste-t-on pas à une forme de sabotage délibéré de la décentralisation, pourtant considérée comme l’un des piliers de la reconstruction de l’État congolais ?
La stratégie envisagée par le ministère de l’Intérieur pour faire face à cette crise des institutions provinciales RDC consiste à convoquer l’ensemble des chefs de partis politiques. L’objectif ? Les inviter à privilégier la stabilité des institutions pendant cette période critique où la nation est confrontée à une crise sécuritaire majeure. Mais cette approche diplomatique suffira-t-elle face à des calculs politiques qui semblent ignorer délibérément l’intérêt supérieur de la nation ?
La session ordinaire de septembre 2025 a été marquée par des tensions particulièrement vives dans plusieurs assemblées provinciales, confirmant une dégradation préoccupante du climat politique local. Déjà, lors de la 62e réunion du Conseil des ministres, le ministre titulaire Jacquemain Shabani avait tenté de rassurer en affirmant que la situation était « suivie de près ». Mais le temps des simples observations est-il encore de mise face à l’urgence de la situation ?
Le président Tshisekedi lui-même avait sonné l’alarme lors de la 44e réunion du Conseil des ministres, insistant sur « l’impératif d’adopter sans délai des mesures concrètes ». Sa communication, citée dans le compte-rendu, ne laissait place à aucune ambiguïté : « La stabilité des gouvernements provinciaux est aujourd’hui une exigence vitale pour garantir le bon fonctionnement de l’État et préserver la cohésion nationale ». Un message dont la gravité semble pourtant avoir échappé à certains acteurs politiques.
La superposition des crises – sécuritaire à l’Est et institutionnelle dans les provinces – pose une question fondamentale : certains acteurs politiques congolais jouent-ils avec le feu en affaiblissant délibérément l’État au moment même où celui-ci doit faire face à une agression externe ? La réponse à cette interrogation déterminera sans doute la capacité du pays à traverser cette période particulièrement périlleuse pour la stabilité politique Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
