Une épaisse fumée noire qui s’élève dans le ciel crépusculaire de Lubumbashi, des cris de panique qui se mêlent au crépitement des flammes, et ce sentiment d’impuissance face à la destruction qui s’accélère. Ce samedi 25 octobre 2025, le marché Zambia, poumon économique de la commune annexe, s’est transformé en brasier sous les yeux horrifiés des commerçants et habitants.
« J’ai tout perdu en moins d’une heure », témoigne Jean Kabila, vendeur de matelas depuis quinze ans dans ce marché. « La fumée est apparue soudainement, puis les flammes ont tout emporté. Mes économies de toute une vie sont parties en fumée. » Comme lui, des centaines de commerçants assistent, impuissants, à la destruction de leurs moyens de subsistance.
Le feu s’est propagé à une vitesse fulgurante, attisé par des vents violents caractéristiques de la saison sèche au Haut-Katanga. Les premières tentatives d’extinction par les jeunes du quartier et certains commerçants, armés seulement de bidons d’eau, se sont révélées dérisoires face à l’ampleur des flammes. « Nous avons formé une chaîne humaine pour évacuer ce que nous pouvions, mais le feu était trop rapide », raconte Marie Mbayo, propriétaire d’une quincaillerie dévastée.
La diversité des marchandises consumées raconte à elle seule l’ampleur du désastre : farine de maïs, produits pharmaceutiques, matériaux de construction, articles divers… Autant de biens essentiels qui faisaient vivre des familles entières. Comment une telle tragédie a-t-elle pu se produire dans l’un des marchés les plus fréquentés de Lubumbashi ?
L’arrivée des forces de l’ordre a permis de sécuriser la zone, évitant ainsi les pillages dans ce moment de chaos. Cependant, l’intervention du camion anti-incendie, bien que saluée, est intervenue tardivement, soulevant des questions sur la capacité de réponse aux urgences dans la région. Les autorités ont immédiatement ouvert une enquête pour déterminer les causes exactes de cet incendie qui rappelle malheureusement d’autres sinistres similaires dans la province.
Au-delà des pertes matérielles, c’est toute l’économie locale qui est touchée. Le marché Zambia n’était pas seulement un lieu de commerce, mais un véritable écosystème social où se nouaient les relations entre producteurs, distributeurs et consommateurs. Sa destruction temporaire risque d’avoir des répercussions sur l’approvisionnement en produits de première nécessité dans plusieurs quartiers de Lubumbashi.
Cette catastrophe soulève des questions fondamentales sur la prévention des risques dans les marchés congolais. Les infrastructures sont-elles adaptées ? Les mesures de sécurité suffisantes ? La formation aux gestes de premiers secours est-elle généralisée ? Autant d’interrogations qui méritent des réponses concrètes de la part des autorités compétentes.
Alors que les commerçants commencent à évaluer l’étendue des dégâts matériels, une solidarité spontanée s’organise dans le quartier. Mais cette entraide, si précieuse soit-elle, pourra-t-elle suffire à reconstruire ce que les flammes ont détruit ? La résilience des habitants de Lubumbashi sera une fois de plus mise à l’épreuve face à cette épreuve qui frappe durement l’économie populaire.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
