Ce samedi 25 octobre, les rues de Masina ont offert un spectacle inhabituel : des uniformes bleus de la MONUSCO et verts de la Police nationale congolaise (PNC) maniant balais et brouettes plutôt que leurs équipements habituels. Une scène qui a suscité la curiosité des habitants de cette commune populaire de Kinshasa, habitués à d’autres types d’interventions policières.
« Je n’en croyais pas mes yeux quand j’ai vu ces policiers ramasser les ordures devant chez moi », confie Mama Sophie, commerçante dans le quartier. « D’habitude, on les voit seulement lors des contrôles ou pour régler des conflits. Là, ils nettoient notre environnement comme des voisins soucieux de notre bien-être. »
Cette opération de salubrité publique s’inscrit dans le cadre de l’initiative « une ville propre, une police proche », liée à la célébration de la Journée de la coopération policière. Mais au-delà du simple nettoyage, quel message véhicule cette démarche inédite ?
Abdoul Khalifa Syla, représentant du chef de la composante police de la MONUSCO, explique l’objectif profond de cette action : « Il s’agit de promouvoir la participation citoyenne et de renforcer le concept de police de proximité grâce à un partenariat civique. Nous voulons redonner un visage humain à la police en rapprochant les forces de l’ordre de la population. »
Sur le terrain, l’engagement était palpable. Équipés de bêches, balais, râteaux, brouettes et sacs poubelles, les agents des deux institutions ont travaillé côte à côte pour assainir les artères principales de Masina. Cette collaboration concrète entre la PNC et la police de la MONUSCO représente bien plus qu’une simple journée de nettoyage : elle symbolise une nouvelle approche des relations police-population.
Le commissaire provincial de la police de Kinshasa, Israël Kantu, présent sur le terrain, a lancé un appel solennel aux habitants : « Cette opération est la matérialisation concrète de la police de proximité dans le cadre de la sécurité publique. Mais le plus important, c’est que la population maintienne la propreté des lieux que nous avons assainis ensemble. »
Son message va au-delà de la simple propreté des rues. « L’insalubrité peut entraîner des maladies hydriques et menacer la santé publique. La vigilance citoyenne est essentielle pour préserver un environnement sain. » Des propos qui résonnent particulièrement dans une commune comme Masina, où les défis sanitaires restent importants.
Mais cette initiative soulève des questions plus profondes sur la nature des relations entre la police et la population en RDC. Jusqu’où peut aller ce rapprochement ? Comment transformer cette expérience ponctuelle en une relation durable de confiance ? La police de proximité peut-elle véritablement s’installer dans la durée au-delà des opérations symboliques ?
L’opération salubrité à Masina démontre que la coopération entre la PNC et la MONUSCO peut prendre des formes innovantes. Ce partenariat dépasse le cadre traditionnel de la sécurité pour s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité, dont l’insalubrité fait partie. Une approche holistique qui mérite d’être saluée.
Pour les habitants, cette journée restera dans les mémoires comme un moment où les forces de l’ordre se sont faites « forces de propreté ». Un changement d’image important dans un contexte où la relation police-population connaît parfois des tensions.
Cette démarche collaborative entre forces policières nationales et internationales ouvre des perspectives intéressantes pour l’amélioration de la qualité de vie à Kinshasa. Elle prouve que la sécurité publique ne se limite pas à la lutte contre la criminalité, mais englobe également la création d’un environnement sain et sécurisant.
Alors que l’opération salubrité Masina touche à sa fin, une question demeure : cette belle initiative saura-t-elle inspirer d’autres communes de la capitale ? La police MONUSCO Kinshasa et la PNC viennent de montrer la voie d’une coopération policière tournée vers le bien-être des populations. Reste à savoir si cette graine de confiance plantée à Masina portera ses fruits dans la durée.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
