Le cauchemar se répète sur la route RN4 Kisangani. Imaginez-vous coincé pendant des jours dans votre véhicule, entouré de boue à perte de vue, avec pour seul horizon l’immobilité forcée. C’est la réalité cruelle que vivent actuellement des centaines de voyageurs sur cet axe vital de la Tshopo, où la route nationale 4 ressemble davantage à un champ de bataille qu’à une voie de circulation.
« Je pars vers Bunia, mais depuis hier à 11h, nous sommes bloqués ici. Nous cherchons un passage alternatif… » La voix de Jeef MOKE, passager bloqué depuis plusieurs jours, trahit l’épuisement et la frustration. Son témoignage illustre le calvaire partagé par tous les usagers de cette route RN4 Kisangani bloquée, transformée en piège à ciel ouvert.
La situation est particulièrement critique au point kilométrique 59, où quatre énormes bourbiers paralysent complètement la circulation. Comment en est-on arrivé là ? Comment une route d’importance socioéconomique majeure peut-elle être abandonnée à ce point ? Ces questions hantent les esprits des voyageurs condamnés à l’immobilité.
Parmi les prisonniers de cette route délabrée, des femmes et des enfants doivent affronter les nuits à la belle étoile, exposés aux intempéries et à l’insécurité. Leurs visages fatigués racontent une histoire que les statistiques ne peuvent capturer : celle de vies suspendues, de commerce interrompu, d’urgences médicales potentiellement compromises.
L’amertume des conducteurs est palpable. « Vous payez à Beni, Mangina, Bela, Matiti, et à partir des quittances, on dépense au moins 1 500 USD entre ces points et Kisangani », déplore l’un d’eux. Cette accumulation de taxes, légales ou non, contraste cruellement avec l’état déplorable des infrastructures routières Congo. Où va cet argent ? Pourquoi les véhicules bloqués RDC deviennent-ils monnaie courante ?
Les bourbiers Tshopo ne sont pas une fatalité, mais le symptôme d’un abandon chronique. Chaque saison des pluies transforme cette route en terre battue en un enfer boueux, piégeant commerce et populations. Les conséquences économiques sont désastreuses : denrées périssables qui pourrissent sur place, marchandises qui n’arrivent jamais à destination, activités économiques paralysées.
Face à cette situation intenable, les appels se multiplient vers les autorités provinciales de la Tshopo. La réhabilitation urgente de cette route nationale 4 n’est plus une simple demande, mais une nécessité vitale. Jusqu’à quand devra-t-on compter les véhicules bloqués comme on compte les jours de retard ? Jusqu’à quand les populations devront-elles payer le prix de l’incurie ?
Cette crise des bourbiers Tshopo pose une question fondamentale sur la gouvernance des infrastructures dans notre pays. Comment expliquer que des axes stratégiques pour le développement économique soient laissés dans un état aussi précaire ? Les routes ne sont-elles pas les artères qui permettent à l’économie de circuler, aux régions de se développer, aux populations de s’épanouir ?
Alors que la nuit tombe une nouvelle fois sur ces véhicules bloqués RDC, une certesse s’impose : l’urgence d’agir ne peut plus attendre. La route RN4 Kisangani mérite mieux que cet abandon. Les populations de la Tshopo méritent mieux que cette précarité routière. Le développement de toute une région en dépend.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
