Dans un coup de théâtre administratif qui secoue le paysage culturel congolais, le Centre culturel et artistique pour les pays d’Afrique centrale (CCAPAC) a décidé de suspendre immédiatement toutes les activités de collation des grades académiques. Cette décision, tombée comme un couperet samedi 25 octobre, résonne comme un avertissement face aux dérives observées lors de précédentes cérémonies.
Comment un lieu dédié à l’épanouissement culturel et éducatif a-t-il pu devenir le théâtre de comportements mettant en péril sa mission fondamentale ? La Direction générale du CCAPAC pointe du doigt les « débordements et désordres » qui ont progressivement érodé le caractère sacré de ces moments de consécration académique. Des scènes de chaos où la solennité des lieux s’est trouvée bafouée, où la sécurité des personnes et la préservation des infrastructures ont été compromises.
La suspension des activités de collation des grades académiques au CCAPAC ne constitue pas une simple mesure administrative. Elle représente un cri d’alarme face à la dégradation des standards qui doivent prévaloir dans un établissement public culturel au Congo. Le centre, habituellement bercé par les murmures des œuvres d’art et le froissement des pages des livres, a vu son calme perturbé par des agissements incompatibles avec sa vocation première.
Cette décision s’ancre dans une volonté ferme de se conformer aux textes réglementaires, notamment le décret n°24/09 du 14 octobre 2024 portant création du CCAPAC et l’arrêté ministériel n°0029/CAB/MIN.CAP/2024 relatif à la réglementation des spectacles vivants en RDC. Le centre réaffirme ainsi son attachement à un cadre légal qui doit guérer toutes les manifestations organisées sur son site.
La Direction générale insiste sur la nécessité d’une autorisation écrite préalable pour toute activité publique, et particulièrement pour les cérémonies universitaires qui doivent être accompagnées d’une lettre officielle signée par les autorités académiques concernées. Cette procédure, bien que pouvant paraître bureaucratique, se révèle essentielle pour maintenir l’intégrité d’un espace dédié à la culture et à l’éducation.
Quelles perspectives s’offrent désormais aux établissements d’enseignement supérieur qui comptaient sur le CCAPAC pour honorer leurs diplômés ? Le gestionnaire du centre étudie activement les possibilités de réorganiser ce type d’événements dans des conditions spécifiques, adaptées aux standards techniques, culturels et sécuritaires. Une réflexion approfondie qui vise à concilier la solennité académique avec les impératifs de sécurité collective.
Cette mesure de suspension des activités académiques au CCAPAC interroge plus largement sur la place de la culture dans notre société. Comment préserver la vocation éducative d’un établissement public culturel face aux pressions et aux dérives ? Le centre, dans sa communication, rappelle son engagement indéfectible à offrir au public des services culturels et éducatifs de qualité, dans le respect de la loi et de la transparence.
La suspension des collations de grades académiques au CCAPAC représente ainsi un moment charnière pour la vie culturelle congolaise. Elle soulève des questions fondamentales sur l’équilibre entre accessibilité et préservation, entre ouverture et sécurité. Dans l’attente de nouvelles dispositions, le centre culturel africain demeure un phare de la création artistique, mais un phare qui doit naviguer entre les écueils des réalités contemporaines.
Cette décision administrative, bien que pouvant décevoir certains, s’inscrit dans une vision à long terme de préservation du patrimoine culturel et éducatif. Elle témoigne de la maturité d’une institution qui refuse de compromettre ses valeurs fondamentales au nom de la simple commodité. Le CCAPAC, à travers cette mesure courageuse, réaffirme sa mission de gardien de l’excellence culturelle et académique en République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
