Devant l’élite financière et minière mondiale réunie au prestigieux Financial Times Africa Summit à Londres, la République Démocratique du Congo a déployé une stratégie diplomatique offensive pour positionner son sous-sol comme pilier incontournable de la transition énergétique globale. Le ministre des Mines, Louis Kabamba Watum, a orchestré une démonstration de force économique qui pourrait bien redéfinir les équilibres géostratégiques du secteur minier africain.
Le chiffre est éloquent : seulement 10% du territoire congolais a fait l’objet d’explorations systématiques. Cette révélation, livrée devant un parterre d’investisseurs internationaux, souligne l’immensité du potentiel encore inexploité. Comment un pays disposant de telles réserves pourrait-il rester en marge de la révolution énergétique mondiale ? La question, rhétorique, plane sur les discussions du sommet londonien.
La vision gouvernementale, articulée autour de la transformation locale des minerais stratégiques, représente un changement de paradigme fondamental. Louis Kabamba Watum a martelé ce message : la RDC ne se contentera plus d’exporter des matières premières brutes. L’ambition affichée est de créer une chaîne de valeur intégrée, depuis l’extraction jusqu’à la transformation industrielle, positionnant ainsi le pays comme hub continental de l’industrie minière verte.
Les avancées technologiques jouent un rôle catalyseur dans cette nouvelle approche. La télédétection, la géoscience avancée et l’intelligence artificielle réduisent drastiquement les délais d’exploration, offrant aux investisseurs une visibilité accrue sur leurs retours sur investissement. Ces outils modernes transforment la donne économique, rendant les investissements miniers en RDC plus prévisibles et moins risqués.
« Ceux qui n’ont pas encore investi en RDC ne doivent pas répéter les erreurs du passé », a lancé le ministre Watum, dans une déclaration percutante qui a marqué les esprits. Cet appel aux investisseurs internationaux s’inscrit dans une stratégie plus large de réhabilitation de l’image du pays auprès des marchés financiers.
La rivalité sino-américaine pour l’accès aux minerais critiques, loin d’être perçue comme une menace, est envisagée comme une opportunité de négociation. La RDC entend jouer de cette concurrence pour établir des partenariats plus équilibrés, plus transparents et plus bénéfiques pour sa population. Cette posture diplomatique affirme une souveraineté retrouvée dans la gestion des ressources nationales.
Les réformes de gouvernance constituent le socle de cette nouvelle attractivité. La lutte contre la corruption, la transparence dans l’attribution des permis et la sécurisation des investissements ont déjà porté leurs fruits : 40 milliards USD mobilisés sur la dernière décennie, avec des géants comme Zijin Mining, Ivanhoe Mines et Glencore qui ont transformé le paysage minier national. La production de cuivre dépasse désormais les 3 millions de tonnes annuelles, confirmant le statut de leader continental.
La reconnaissance internationale s’est matérialisée par une subvention de 3 milliards USD de la Banque mondiale et du FMI, validant les progrès accomplis en matière de gouvernance économique. Ces institutions financières globales semblent convaincues du sérieux de la démarche congolaise.
La visite au London Metal Exchange (LME), dont le volume annuel de transactions dépasse 5 000 milliards USD, symbolise cette volonté d’intégration aux marchés mondiaux. Les discussions sur les mécanismes de fixation des prix et l’inscription des compagnies minières congolaises sur cette plateforme internationale pourraient changer la donne en termes de valorisation des ressources nationales.
La transition énergétique mondiale créera-t-elle enfin la prospérité promise depuis des décennies aux Congolais ? Les investissements miniers en RDC atteindront-ils le niveau nécessaire pour transformer durablement l’économie nationale ? Le Financial Times Africa Summit aura au moins permis de poser les bases d’un dialogue renouvelé entre le Congo et la communauté financière internationale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
