« Grâce à ces outils, je peux enfin tourner la page des armes et construire quelque chose de durable pour ma famille », confie Jacques Ngabu Liripa, les mains fermement posées sur sa nouvelle bêche. Comme lui, ils sont 311 anciens combattants et membres des communautés locales à avoir reçu vendredi dernier à Miala, à une dizaine de kilomètres de Bunia, leur ticket pour une nouvelle vie.
Des bêches, des pioches, du matériel aratoire – ces instruments de travail remplacent désormais les armes qui ont longtemps semé la terreur dans la région. Mais au-delà du simple transfert d’outils, c’est tout un programme de transformation sociale qui se met en place. Comment reconstruire une société meurtrie par des années de violence ? La réponse semble prendre racine dans les champs de l’Ituri.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du programme de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) de la MONUSCO, déployé en partenariat avec l’ONG Peace Mwangaza. Le projet vise plus de 900 bénéficiaires répartis entre Telega, Tsere, Tchomia et Miala. Une approche collective qui dépasse la simple assistance individuelle pour embrasser une vision communautaire de la réinsertion.
« Ces initiatives permettent non seulement de reconstruire des vies, mais aussi de renforcer la cohésion entre communautés », affirme Gloire Mongo, représentant de l’ONG Peace Mwangaza. Le message est clair : la paix ne se décrète pas, elle se construit concrètement, outil après outil, champ après champ.
En attendant les premières récoltes, les bénéficiaires participent déjà à des travaux à haute intensité de main-d’œuvre, notamment la réhabilitation des routes de desserte agricole. Une manière de créer immédiatement de la valeur tout en améliorant les infrastructures locales. La réinsertion socio-économique des ex-combattants à Bunia devient ainsi un levier de développement pour toute la communauté.
Mais le défi reste immense. Comment convaincre ceux qui restent dans le maquis que l’avenir est dans le champ plutôt que dans le fusil ? L’ONG Peace Mwangaza lance un appel pressant aux miliciens encore actifs : « Rejoignez le processus de paix et bénéficiez, vous aussi, de programmes de réinsertion. »
La stratégie semble porter ses premiers fruits. En transformant d’anciens fauteurs de troubles en acteurs du développement économique local, le programme DDR en Ituri ouvre une voie prometteuse. La réinsertion des ex-combattants par l’agriculture représente-t-elle la clé pour une paix durable dans la région ? Les premiers signes sont encourageants.
Alors que le soleil se lève sur les champs de Miala, une nouvelle génération d’agriculteurs trace son sillon, déterminée à écrire un nouveau chapitre de l’histoire de l’Ituri. Un chapitre où les récoltes remplaceront les conflits, où la prospérité collective prendra le pas sur la violence armée. Le chemin reste long, mais les premiers pas, concrêts et résolus, sont déjà engagés.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
