Dans un contexte politique congolais particulièrement tendu, le mouvement « Sauvons la RDC » a porté un coup sévère aux tentatives de dialogue initiées par le pouvoir en place. Vendredi 24 octobre à Kinshasa, Seth Kikuni, porte-parole de cette nouvelle plateforme, a fermement rejeté ce qu’il qualifie de « monologue » et de « simulacre » orchestré par le régime.
Lors d’un point de presse consacré à la restitution des travaux du conclave de Nairobi tenu du 14 au 15 octobre, le porte-parole a dressé un constat sans appel de la situation nationale. « La RDC est en crise, une crise totale, multidimensionnelle, qui menace les fondements même de notre nation », a-t-il déclaré, soulignant l’urgence d’une réponse structurelle à l’effritement généralisé du pays.
Sur le plan politique, Seth Kikuni a pointé du doigt une « crise de légitimité » qui mine les institutions. La question se pose avec acuité : jusqu’où peut aller la déliquescence d’un système dont les fragilités semblent s’accroître jour après jour ? Le tableau sécuritaire n’est guère plus reluisant, avec un Est en guerre ouverte, un Ouest en proie à l’insécurité et à la colère, et une capitale Kinshasa qui « suffoque » sous diverses pressions.
Sur le front économique et social, le mouvement citoyen dénonce une « prédation institutionnalisée » qui caractériserait le régime actuel. L’inflation galopante et le chômage endémique transforment la vie quotidienne des Congolais en un véritable calvaire, selon les analyses présentées. Dans ce contexte, comment envisager sereinement l’avenir sans une refonte profonde des mécanismes de gouvernance ?
Face à cette crise multidimensionnelle, « Sauvons la RDC » propose une alternative claire : la tenue sans délai d’un dialogue inclusif sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Eglise du Christ au Congo (ECC). « Notre réponse citoyenne, politique, patriotique et démocratique à cette crise se fait pressante. Plus qu’une nécessité, elle est impérative de salut public », a martelé Seth Kikuni.
Le mouvement se définit comme une entité distincte des partis politiques traditionnels et des organisations de la société civile. Il s’agirait d’un « mouvement citoyen, politique, démocratique et patriotique » né du conclave de Nairobi et placé sous la direction de l’ancien président Joseph Kabila. Cette configuration inédite interroge sur les recompositions en cours dans le paysage politique congolais et sur les stratégies d’opposition en gestation.
La position ferme adoptée par « Sauvons la RDC » concernant le dialogue politique en RDC soulève des questions fondamentales sur la gouvernance actuelle. Le rejet catégorique du format proposé par Kinshasa traduit-il une défiance irrémédiable entre les différentes forces politiques ? Ou s’agit-il d’une manœuvre stratégique pour repositionner Joseph Kabila et son mouvement dans l’échiquier politique national ?
Les prochains jours seront déterminants pour mesurer l’impact réel de cette prise de position sur la dynamique politique nationale. La capacité du mouvement à fédérer au-delà de ses bases traditionnelles et à imposer son agenda de dialogue inclusif constituera un test décisif pour l’opposition congolaise dans son ensemble. La crise RDC exige-t-elle vraiment de nouvelles formes de mobilisation citoyenne et politique ? L’émergence de plateformes comme « Sauvons la RDC » pourrait bien marquer un tournant dans les méthodes de contestation du pouvoir en place.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
