Le bruit des cannes blanches résonnait ce vendredi 24 octobre dans les rues de Kinshasa, comme un symbole d’espoir et de revendication. Des centaines de personnes non-voyantes, venues du Palais du peuple jusqu’à l’Institut national de santé publique, ont transformé la capitale en une véritable démonstration de résilience et de détermination.
« Comment pouvons-nous parler de développement quand une partie de notre société continue d’être marginalisée ? » Cette question, posée par Marie-Louise Kande, représentante de la ministre Irène Esambo, résume l’urgence de la situation. Son message, porteur d’une vision présidentielle axée sur le principe de « ne laisser personne de côté », a trouvé un écho particulier parmi les personnes vivant avec handicap.
Le thème de cette journée internationale de la canne blanche — « Inclusion, autonomie et dignité pour les personnes aveugles et malvoyantes : ensemble, marchons vers une société sans barrières » — prend tout son sens dans un contexte congolais où les obstacles quotidiens se multiplient. Israël Kabongo, président du Regroupement des non-voyants intellectuels du Congo, témoigne avec émotion : « Cette marche n’est pas qu’un symbole. C’est notre manière de dire que nous existons, que nous voulons participer pleinement à la construction de notre pays. »
Mais au-delà des discours, qu’en est-il des actions concrètes ? Le ministère en charge des personnes vivant avec handicap travaille actuellement à la modernisation de l’écriture braille, un outil essentiel d’éducation et d’inclusion. Cette initiative s’inscrit dans une série de projets structurants visant l’autonomisation réelle de cette catégorie sociale souvent oubliée.
Jean-Jacques Mwanafumwensi, directeur général de l’Institut national des aveugles, appelle à un soutien collectif : « La vision du Président de la République dans le secteur du handicap est novatrice, mais elle a besoin de l’engagement de tous pour devenir réalité. L’inclusion ne se décrète pas, elle se construit jour après jour. »
Pourtant, le chemin reste semé d’embûches. Comment garantir l’accès à l’éducation quand les outils braille sont insuffisants ? Comment assurer la mobilité dans des villes où l’accessibilité n’est pas prioritaire ? Ces questions cruciales interpellent l’ensemble de la société congolaise.
La modernisation du braille en RDC représente plus qu’une simple adaptation technique. C’est un enjeu fondamental pour l’autonomie des personnes aveugles, leur permettant d’accéder à l’information, à la culture et à l’emploi. Dans un monde de plus en plus numérique, cette mise à jour devient vitale pour éviter que les personnes handicapées ne soient doublement exclues.
Les projets d’autonomisation des personnes handicapées en RDC doivent dépasser le stade des bonnes intentions. Ils nécessitent des budgets conséquents, une volonté politique ferme et une implication réelle des concernés dans leur élaboration. Comme le souligne un participant à la marche : « Nous ne voulons pas qu’on parle pour nous, mais qu’on parle avec nous. »
Cette journée internationale de la canne blanche aura au moins permis de remettre la question du handicap au cœur du débat public. Reste à savoir si cette prise de conscience se traduira par des actions durables. La société congolaise saura-t-elle relever le défi de l’inclusion ? Réussira-t-elle à construire cette société sans barrières promise dans le thème de la célébration ?
Alors que les participants regagnent leurs domiciles, leurs cannes blanches continuent de taper le pavé kinsois, comme un rappel constant que l’égalité des chances n’est pas encore une réalité pour tous. Le combat pour la dignité des personnes vivant avec handicap ne fait que commencer, et il nécessitera l’engagement de chaque citoyen, de chaque institution, pour transformer l’essai.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
