Dans un geste qui pourrait marquer un tournant décisif pour le secteur des infrastructures en République Démocratique du Congo, le ministre John Banza Lunda a officiellement donné naissance à la Commission nationale des normes. Cette initiative, portée par la volonté présidentielle, s’inscrit dans une logique de rupture avec des décennies de pratiques approximatives dans le domaine de la construction.
La création de cette structure technique intervient dans un contexte où la qualité des infrastructures congolaises fait régulièrement l’objet de vives critiques. Combien de bâtiments s’effondrent-ils chaque année par manque de standards appropriés ? Combien de routes se dégradent-elles prématurément faute de normes adaptées aux réalités locales ? Ces questions récurrentes trouvent aujourd’hui une réponse institutionnelle à travers cette commission dont le mandat de 18 mois semble ambitieux au regard des défis à relever.
Le ministre des Infrastructures et Travaux publics joue manifestement gros sur ce dossier. L’élaboration d’un référentiel national des normes de construction représente un chantier complexe, nécessitant de concilier les impératifs techniques internationaux avec les spécificités congolaises. La réussite de cette mission pourrait renforcer considérablement la crédibilité du gouvernement dans son programme de modernisation des infrastructures, tandis qu’un échec risquerait de fragiliser durablement la confiance des investisseurs et de la population.
Georges Koshi Gimeya, secrétaire général aux Infrastructures et Travaux publics, ne s’y est pas trompé en qualifiant cette réforme de « tournant majeur pour la régulation du secteur ». Son affirmation selon laquelle « un pays sans normes est un pays qui construit dans le désordre » résume à elle seule l’enjeu fondamental de cette initiative. La commission devra ainsi travailler à établir des standards pour l’ensemble des acteurs du secteur, des bureaux d’études techniques aux administrations compétentes comme le FONER, l’ACGT, l’Office des routes et l’OVD.
Mais au-delà des déclarations d’intention, la mise en œuvre effective de ces futures normes de construction en République Démocratique Congo constituera le véritable test de crédibilité. Comment garantir l’application uniforme sur l’ensemble du territoire national ? Quels mécanismes de contrôle seront mis en place ? Et surtout, comment assurer la formation et l’adhésion de tous les professionnels concernés ?
La portée symbolique de cette décision n’échappera à personne. En s’attaquant frontalement aux problèmes structurels du secteur, le gouvernement tente de répondre aux attentes légitimes des Congolais en matière de sécurité et de qualité des infrastructures. La référence explicite aux immeubles qui s’écroulent et aux routes dégradées témoigne d’une prise de conscience des dysfonctionnements passés.
Reste à savoir si cette commission nationale normes construction RDC parviendra à impulser une dynamique durable de transformation. Le calendrier serré de 18 mois pour produire un modèle national complet laisse peu de place aux errements. La crédibilité de l’ensemble du secteur construction RDC se jouera dans la capacité de cette instance à proposer des standards à la fois exigeants et réalistes.
À l’heure où le pays s’engage dans de grands projets structurants, la qualité infrastructures Congo devient un enjeu stratégique majeur. La réforme secteur construction RDC portée par John Banza Lunda infrastructures pourrait, si elle aboutit, représenter une avancée significative dans la modernisation du cadre technique national. Mais le chemin reste semé d’embûches, et la démonstration devra être faite que ces nouvelles normes ne resteront pas lettre morte.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
