Le visage creusé par l’épuisement, les vêtements couverts de poussière, une mère de famille tente désespérément d’abriter ses trois enfants sous un bout de bâche trouée. Cette scène déchirante se répète quotidiennement dans les agglomérations du Kwilu, où environ 100 000 personnes survivent dans des conditions humanitaires catastrophiques. Comment une telle situation a-t-elle pu s’installer dans l’indifférence générale ?
Ces déplacés du Kwilu, issus d’au moins 32 000 ménages enregistrés entre mai et septembre 2025, représentent l’une des crises humanitaires les plus préoccupantes en République Démocratique du Congo. Le dernier rapport d’OCHA, consulté par Radio Okapi, dresse un constat accablant : ces populations survivent sans aucune assistance organisée, livrées à elles-mêmes dans leur exil forcé.
La tragédie qui se joue dans cette province congolaise trouve son origine dans deux fléaux distincts mais tout aussi dévastateurs. Plus de 80% de ces déplacés ont fui les atrocités perpétrées par la milice Mobondo dans la région de Kwamouth. Les autres ont été chassés de leurs foyers par des inondations et des pluies diluviennes qui ont ravagé leurs terres et leurs habitations. Deux catastrophes, une même détresse.
« Nous avons tout perdu en une nuit », témoigne une femme rencontrée dans la zone de santé de Bagata. « Les hommes armés sont arrivés au crépuscule, brûlant tout sur leur passage. Nous avons couru dans la forêt avec seulement les vêtements que nous portions. Depuis trois mois, nous dormons à la belle étoile, sans nourriture suffisante, sans médicaments. »
Les besoins identifiés par les humanitaires sont criants : abris décents, articles ménagers essentiels, nourriture, eau potable, soins médicaux et protection. Pourtant, l’aide tarde à arriver. Comment expliquer cette absence de réponse face à une urgence d’une telle ampleur ?
Le député national Garry Sakata, élu de Bagata, s’est fait le porte-voix de ces populations oubliées. Dans un plaidoyer poignant, il appelle à une mobilisation immédiate en faveur de ces déplacés du Kwilu. Son intervention souligne l’urgence d’une coordination entre autorités locales, gouvernement central et organisations humanitaires.
Les sites d’accueil de ces familles déplacées se répartissent dans plusieurs localités : la ville de Bandundu, la ville de Kikwit, le territoire de Bagata précisément dans la zone de santé de Bagata et de Kikongo, et le territoire de Masi-Manimba dans la zone de Mosango. Autant de lieux où la précarité est devenue le quotidien de milliers de Congolais.
La crise humanitaire au Kwilu interroge profondément sur la capacité de réponse aux urgences dans les provinces congolaises. Alors que les déplacés se comptent par dizaines de milliers, les mécanismes d’assistance semblent dépassés par l’ampleur des besoins. Cette situation met en lumière les faiblesses structurelles du système de protection des populations vulnérables en RDC.
Les femmes et les enfants, particulièrement exposés dans ces contextes de déplacement, paient le plus lourd tribut. Sans abri sécurisé, sans accès aux soins de base, sans perspective de retour, leur avenir s’assombrit jour après jour. La communauté internationale et les autorités congolaises parviendront-elles à apporter une réponse à la hauteur de cette détresse ?
La crise des déplacés du Kwilu dépasse le simple cadre humanitaire pour poser des questions fondamentales sur la gouvernance locale, la sécurité des territoires et la protection des civils. Elle révèle aussi la résilience extraordinaire de populations qui, malgré l’adversité, continuent à se battre pour leur survie et celle de leurs enfants.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
