33.2 C
Kinshasa
jeudi, octobre 23, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéSociétéRDC 2025 : Les violences sexuelles s'intensifient contre les femmes déplacées de...

RDC 2025 : Les violences sexuelles s’intensifient contre les femmes déplacées de Goma

Le calvaire des femmes déplacées dans l’est de la République Démocratique du Congo atteint des proportions insoutenables en cette année 2025. Alors que les camps de déplacés autour de Goma ont officiellement été démantelés en février dernier, la violence sexuelle continue de frapper impitoyablement des milliers de femmes et de jeunes filles, livrées à elles-mêmes dans une région en proie à l’avancée des combattants du M23.

« Je pensais qu’en quittant le camp, j’échapperais au pire. Mais la réalité est bien plus cruelle », témoigne une survivante de 32 ans, rencontrée dans un centre d’écoute de Saké. Comme elle, des centaines de femmes errent chaque jour entre la recherche de nourriture et la peur permanente d’une agression. Comment en est-on arrivé à cette situation où le simple fait de chercher de l’eau expose à un viol collectif ?

Les chiffres communiqués par Médecins Sans Frontières glacent le sang : 7 400 survivantes prises en charge à Goma entre janvier et avril 2025, auxquelles s’ajoutent 2 400 autres à Saké. Des statistiques qui ne représentent pourtant que la partie émergée de l’iceberg, tant la honte et la crainte des représailles poussent de nombreuses victimes au silence.

La crise humanitaire au nord-Kivu a atteint un seuil critique. Les déplacées, souvent seules avec leurs enfants, doivent composer avec une double menace : celle des groupes armés qui contrôlent les territoires, et celle des civils qui profitent de leur extrême vulnérabilité. « Beaucoup de femmes acceptent des relations sexuelles contre un toit ou un peu de nourriture », confie une travailleuse humanitaire sous couvert d’anonymat. Une réalité taboue qui s’ajoute aux violences perpétrées sous la menace des armes.

L’impunité règne en maître dans cette région où la distinction entre civils et militaires s’est estompée. Les agresseurs agissent en toute impunité, certains arborant même des uniformes sans qu’on puisse déterminer leur réelle affiliation. Cette confusion sert de bouclier aux criminels, tandis que les survivantes doivent affronter seules les conséquences physiques et psychologiques de leur calvaire.

Le drame des violences sexuelles dans l’est de la RDC dépasse largement le cadre médical. C’est toute une société qui se fracture, où des mères doivent apprendre à leurs filles à porter des préservatifs « au cas où », où le viol devient une menace si banale qu’elle s’intègre dans les préparatifs de la quête quotidienne de survivance. Jusqu’où cette normalisation de l’horreur peut-elle mener ?

Les acteurs humanitaires tirent la sonnette d’alarme face à l’augmentation préoccupante des violences sur les mineurs. Les centres de prise en charge manquent cruellement de médicaments, particulièrement ceux de prophylaxie post-exposition VIH. « Nous devons parfois faire des choix déchirants entre plusieurs victimes », déplore un médecin de MSF sur place.

La réponse internationale peine à endiguer ce fléau. Malgré les alertes répétées des Nations Unies, la protection effective des femmes reste lettre morte dans des zones où l’État congolais n’exerce plus son autorité. Les maisons d’écoute de la Croix-Rouge constituent souvent le seul refuge, offrant un accompagnement psychologique essentiel mais insuffisant face à l’ampleur des traumatismes.

La persistance des violences sexuelles en RDC en 2025 interroge amèrement sur l’efficacité des mécanismes de protection des civils dans les conflits armés. Alors que le conflit avec le M23 continue de faire rage, les femmes paient le prix fort d’une guerre dont elles sont les premières victimes mais jamais les actrices. Leur corps est devenu un champ de bataille, leur dignité un butin de guerre.

Dans l’attente d’une solution politique durable, des générations entières de Congolaises grandissent dans la terreur, marquées à vie par des violences qui détruisent non seulement des vies individuelles, mais le tissu social tout entier. La communauté internationale parviendra-t-elle enfin à mettre fin à ce cycle infernal qui dure depuis des décennies ? La question reste ouverte, tandis que sur le terrain, le calvaire des femmes déplacées se poursuit, jour après jour.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: https://techafricanews.com/2025/10/21/tanzania-and-drc-discuss-implementation-of-national-fibre-optic-project/

Commenter
Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


Actualité Populaire Liée

Actualité Populaire RDC

Résumé de l'actualité quotidienne

Le Brief du Jour du 23 Octobre 2025

Le Brief du Jour du 23 octobre 2025 revient sur les coupures américaines menaçant l’aide humanitaire, l’épidémie record de choléra, le pillage massif de la mine de Twangiza par le M23, une défection majeure chez les milices en Ituri, les baisses historiques de prix des carburants, le contrôle économique renforcé, l’impact d’un glissement de terrain au Nord-Kivu et l’exposition Mobutu au Musée National de Kinshasa.

Derniers Appels D'offres

Derniers Guides Pratiques