La quinzième édition de la tournée des Villes défenseures des droits humains en Espagne aura-t-elle marqué un tournant dans la prise de conscience internationale concernant la situation en République Démocratique du Congo ? Du 30 septembre au 9 octobre derniers, cet événement a servi de tribune à l’acteur sociopolitique congolais Roland Mimi Ngoy pour dénoncer avec véhémence ce qu’il qualifie de « génocide congolais » et pointer du doigt les responsabilités étrangères dans l’exploitation minière illégale au Congo.
Le président du parti politique en formation Dignité RDC a saisi cette plateforme internationale pour alerter la communauté catalane sur sa part de responsabilité dans les violations des droits humains en RDC. « L’exploitation minière illégale au Congo nourrit un cycle de violence dont les populations civiles paient le prix fort », a-t-il martelé lors des conférences publiques. Son plaidoyer visait explicitement à créer une union des voix catalanes et congolaises pour dénoncer ce qu’il présente comme une tragédie humanitaire ignorée.
Roland Mimi Ngoy RDC a particulièrement insisté sur la gravité des violences subies par les femmes dans l’Est du pays, décrivant avec force détails les exactions des groupes armés et les atteintes aux droits sociaux et politiques sous le régime de Félix Tshisekedi. Son analyse pointe du doigt un système où l’exploitation des ressources naturelles et les violations des droits humains dans l’Est RDC seraient intrinsèquement liées. Le message était clair : la communauté internationale ne peut plus feindre l’ignorance face à cette situation.
Au-delà de la simple dénonciation, cette tournée droits humains Espagne avait une dimension pédagogique marquée. Près de mille élèves catalans ont été sensibilisés aux réalités vécues par les enfants congolais dans les zones sous occupation rebelle. Une approche qui visait à éveiller les consciences dès le plus jeune âge et à construire une solidarité transnationale durable. La diversité culturelle congolaise a également été mise en avant, montrant un visage du pays souvent occulté par les conflits.
Fondateur de l’Union des Jeunes pour la Réussite de l’Avenir (UJRA), Roland Mimi Ngoy a profité de cette tribune pour réaffirmer son engagement en faveur des droits des Congolais. Malgré ses sept années passées à l’étranger, il maintient son combat contre ce qu’il qualifie de « mauvaise gouvernance ». Sa participation à la grande marche de Barcelone en soutien au peuple palestinien, où il a arboré les couleurs de la RDC, symbolisait cette solidarité avec tous les territoires en lutte.
La tournée des « villes défenseures des droits humains », financée par près de trente municipalités catalanes et plusieurs organisations de la Generalitat, représente-t-elle une nouvelle forme de diplomatie citoyenne ? La présence d’activistes du Ghana, du Mexique, du Nicaragua, du Liban et de la RDC suggère en tout cas une volonté de construire des réseaux de solidarité transcontinentaux. Mais jusqu’où cette mobilisation pourra-t-elle influencer les politiques concrètes ?
Le génocide congolais dénonciation trouve ainsi un écho dans les institutions catalanes, mais la question reste entière : ces prises de parole suffiront-elles à faire bouger les lignes ? L’appel à l’action collective lancé par Roland Mimi Ngoy rencontre-t-il un terrain favorable dans une Europe souvent plus préoccupée par ses propres crises ? La réponse se jouera peut-être dans la capacité des Catalans à transformer leur prise de conscience en pression politique effective.
Alors que la tournée s’achève, le véritable travail commence maintenant : celui de la mise en œuvre concrète des engagements pris. La balle est désormais dans le camp des institutions catalanes et de la communauté internationale. Verront-elles dans le plaidoyer de Roland Mimi Ngoy un simple cri dans le désert ou le début d’une mobilisation d’envergure pour mettre fin à l’exploitation minière illégale Congo et aux violations systématiques des droits humains ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd