Dans le paysage éducatif souvent contrasté de la République Démocratique du Congo, une lueur d’espoir vient de naître dans le village de Lonyoma, à 78 kilomètres de Kindu. Depuis septembre 2025, cette localité de la province du Maniema dispose enfin de sa première école secondaire, baptisée « Les Elites ». Une initiative privée qui pourrait changer le destin de toute une génération, mais qui se heurte déjà à des réalités matérielles alarmantes.
Comment imaginer, en effet, qu’au XXIe siècle, des élèves puissent poursuivre leur scolarité sans bancs, sans tableaux et sans salles de classe dignes de ce nom ? C’est pourtant le défi quotidien que relève Moris Bongobongo Mufayungi, promoteur de cet établissement qui représente pourtant une avancée majeure pour cette communauté rurale. Avant cette ouverture, les jeunes de Lonyoma devaient renoncer à leurs études après le cycle primaire, condamnés à voir leurs ambitions s’évaporer faute d’infrastructures adaptées.
« Les enfants sont nombreux mais les conditions ne sont pas réunies pour leur offrir une bonne formation », déplore M. Bongobongo, dont le témoignage révèle l’urgence de la situation. Ces paroles résonnent comme un cri d’alarme dans un pays où l’éducation reste un privilège plutôt qu’un droit fondamental. La précarité des conditions scolaires à Lonyoma n’est malheureusement pas un cas isolé, mais elle prend ici une dimension particulière : comment expliquer que la première école secondaire d’une localité doive lutter pour sa simple survie ?
Le cas de l’école secondaire Lonyoma soulève des questions plus larges sur l’état de l’éducation au Maniema et dans l’ensemble de la RDC. Si des initiatives privées émergent pour combler les lacunes du système public, peuvent-elles réellement prospérer sans un soutien institutionnel solide ? La réponse semble évidente lorsqu’on observe les conditions de fonctionnement décrites par le promoteur : absence de matériel pédagogique de base, locaux inadaptés, manque de ressources…
Face à ce constat, un appel urgent est lancé aux autorités provinciales et nationales. La demande est claire : soutien matériel incluant bancs, tableaux et manuels scolaires, régularisation administrative et accompagnement durable. Ces besoins élémentaires représentent pourtant le minimum vital pour assurer une éducation de qualité. Comment espérer former les futures élites dont le pays a tant besoin si les conditions d’apprentissage restent aussi précaires ?
La situation à Lonyoma interpelle sur les disparités territoriales en matière d’éducation en RDC. Alors que certaines zones urbaines bénéficient d’établissements relativement bien équipés, les régions rurales comme le Maniema continuent de naviguer dans une pénurie chronique. Le soutien éducatif en RDC reste-t-il un vœu pieux ou deviendra-t-il une priorité tangible ? La question mérite d’être posée alors que des centaines d’enfants voient leur avenir compromis par des conditions d’apprentissage indignes.
L’initiative de Moris Bongobongo Mufayungi démontre pourtant une volonté locale de changement. Son engagement personnel montre que des solutions existent, mais qu’elles nécessitent un accompagnement structurel. Le soutien éducatif en RDC doit-il reposer uniquement sur la bonne volonté individuelle ? Certainement pas, répondent en chœur les spécialistes de l’éducation, qui plaident pour une politique nationale plus volontariste.
Alors que l’année scolaire se poursuit à Lonyoma, l’espoir demeure, fragile mais tenace. Les enfants qui franchissent chaque jour le seuil de cette école secondaire Lonyoma incarnent la résilience d’une jeunesse déterminée à apprendre malgré les obstacles. Leur réussite future dépendra en grande partie de la réponse qui sera apportée à l’appel lancé par leur promoteur. L’enjeu dépasse largement le cadre de ce village : il s’agit de montrer que l’éducation peut véritablement devenir une priorité nationale, même dans les zones les plus reculées du pays.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net