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Procès Roger Lumbala à Paris : un chef de guerre congolais face à la justice française pour crimes contre l’humanité

Le tribunal judiciaire de Paris ouvrira le 12 novembre prochain le procès historique de Roger Lumbala, ancien chef de guerre congolais poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité. Cette procédure judiciaire constitue le premier procès exercé en vertu de la compétence universelle française pour des atrocités de masse perpétrées en République démocratique du Congo, spécifiquement dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu entre 1998 et 2003.

L’ancien dirigeant du Rassemblement congolais pour la démocratie nationale (RCD-N) fait l’objet d’accusations particulièrement graves incluant meurtre, torture, viol et réduction en esclavage. Selon l’acte d’accusation, Roger Lumbala aurait ordonné et fourni aux troupes du RCD-N les moyens nécessaires pour mener une opération militaire dénommée « Effacer le tableau », qui aurait ciblé délibérément les populations civiles, avec une attention particulière portée aux minorités ethniques Nande et Bambuti.

La mise en examen intervenue en 2023 par les juges d’instruction parisiens a permis la tenue de ce procès emblématique, fondé sur le principe de compétence universelle permettant aux États de poursuivre les crimes internationaux les plus graves indépendamment de leur lieu de commission. Comment expliquer que ce procès intervienne près de deux décennies après les faits reprochés ? Cette temporalité judiciaire soulève des interrogations sur les mécanismes de justice transitionnelle en contexte post-conflit.

Plusieurs organisations non gouvernementales se sont constituées parties civiles dans cette procédure, parmi lesquelles la Clooney Foundation for Justice (CFJ), TRIAL International, Minority Rights Group (MRG), Justice Plus et le Programme d’assistance aux pygmées (PAP-RDC). Ces structures œuvrant dans la défense des droits humains, particulièrement ceux des peuples autochtones pygmées, saluent l’ouverture de cette instance judiciaire après des années d’attente.

Samuel Ade Ndasi, responsable des litiges et du plaidoyer auprès de l’Union africaine au sein de MRG, a déclaré : « Ce procès représente une étape essentielle vers l’obtention d’une justice attendue depuis longtemps pour les horreurs infligées à la communauté autochtone Bambuti en RDC. MRG a présenté des preuves démontrant que la faction armée sous le contrôle de Lumbala a délibérément pris pour cible les Bambuti et leur a infligé des abus systématiques, incluant des meurtres et des viols collectifs. »

Daniele Perissi, responsable du programme RDC chez TRIAL International, a souligné l’importance symbolique de cette procédure : « Pendant trop longtemps, les auteurs de ces crimes ont échappé à la justice, certains accédant même à des postes de pouvoir. Ce procès constitue une étape historique pour briser ce cycle d’impunité. Il démontre que même des décennies plus tard, la voix des survivant·e·s compte, et que la responsabilité des auteurs reste essentielle pour construire un avenir de paix et de dignité en RDC. »

Yasmine Chubin, directrice juridique à CFJ, a rappelé le courage exceptionnel des victimes : « L’ouverture du procès aujourd’hui nous rappelle que même si des conflits éclatent partout dans le monde, la lutte contre l’impunité se poursuit. Les survivant·e·s d’atrocités de masse, notamment de violences sexuelles et sexistes liées au conflit et de tortures, ont fait preuve d’un courage extraordinaire en se manifestant. Leur force inspire l’espoir à tous les survivant·e·s. »

La tenue de ce procès Roger Lumbala survient dans un contexte régional particulièrement préoccupant, où des groupes armés soutenus par des puissances étrangères contrôlent à nouveau certaines parties du Nord et du Sud-Kivu, dans une escalade alarmante de la violence. Cette actualité judiciaire souligne l’impérieuse nécessité de lutter contre l’impunité des crimes commis en République démocratique du Congo.

Xavier Macky, directeur national de Justice Plus, a conclu : « Lutter contre l’impunité peut donner l’impression de nager à contre-courant. En RDC, de nombreuses victimes de ces atrocités poursuivent leur long chemin vers la reconnaissance de leur statut devant les tribunaux. Le procès qui va s’ouvrir permettra enfin à la cause des victimes de ces crimes contre l’humanité d’être entendue. »

Ce procès Paris RDC crimes marquera donc une étape déterminante dans l’application de la compétence universelle pour les atrocités commises en Ituri et au Nord-Kivu, offrant un espoir de justice aux communautés autochtones victimes de ces violations massives des droits humains.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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