Les images ont choqué la capitale congolaise. Sur les réseaux sociaux, une vidéo devenue virale montre Honorine Onate Porsche, présumée auteure d’un braquage à Kinshasa, nue et allongée au sol, entourée d’hommes en tenue militaire. La scène, d’une violence inouïe, révèle des soldats ordonnant à la femme d’écarter les jambes, tandis qu’un autre la frappe, l’insulte et la filme impunément.
« Ce que j’ai vu m’a retourné l’estomac », témoigne Jean K., habitant de la commune de la Gombe. « Même si cette femme est suspectée d’un crime, personne ne mérite un tel traitement. Où sont passés les droits humains dans notre pays ? »
Face à cette situation intolérable, la Dynamique pour la Protection des Femmes en RDC (DPF-RDC) a rompu le silence ce lundi 20 octobre. Dans une déclaration ferme, l’organisation exprime sa consternation et condamne sans équivoque ces actes de brutalité et d’humiliation publique.
« Ce qui s’est produit dépasse le cadre d’une simple arrestation : c’est une atteinte directe à la dignité de la femme congolaise et une blessure à la conscience nationale », affirme Laetitia Nyemba, Coordinatrice générale de la DPF-RDC. « Une société qui accepte d’humilier une femme en public perd une part de son humanité. C’est à nous tous de dire : plus jamais ça. »
Cette violence femme RDC soulève des questions fondamentales sur les pratiques des forces de sécurité Congo. Comment expliquer qu’en 2023, de tels actes barbares puissent encore se produire sous le regard complice de certains éléments en uniforme ? La présomption d’innocence, pierre angulaire de tout état de droit, semble avoir été piétinée avec une brutalité désarmante.
La DPF-RDC déclaration appelle à une réponse immédite et ferme des autorités. L’organisation demande l’identification et la sanction sans complaisance des auteurs de ces actes, ainsi qu’un accompagnement médical, psychologique et juridique pour Honorine Onate Porsche. Mais au-delà des sanctions individuelles, c’est tout un système qu’il faut réformer.
« Nous devons collectivement nous interroger sur la formation de nos forces de sécurité », analyse Marie T., activiste des droits humains. « Ces images montrent un profond mépris pour la dignité humaine et particulièrement pour les femmes. La violence basée sur le genre ne peut devenir une méthode d’interpellation. »
L’humiliation publique subie par cette femme dépasse largement le cadre individuel. Elle renvoie à une problématique plus large de violence contre les femmes en RDC, où les violences sexuelles et les traitements dégradants restent malheureusement trop fréquents. Comment construire une société égalitaire quand de telles pratiques persistent ?
La question de la formation des forces de sécurité se pose avec acuité. La DPF-RDC insiste sur la nécessité de renforcer la formation des agents en droits humains et en prévention des violences basées sur le genre. Un impératif qui semble plus urgent que jamais face à la recrudescence de ce type de situations.
Les réseaux sociaux, qui ont permis la diffusion de ces images choquantes, jouent aujourd’hui un rôle ambivalent. S’ils exposent au grand jour des pratiques condamnables, ils risquent aussi de banaliser la violence et d’exposer davantage les victimes. Où se situe la frontière entre dénonciation et exploitation médiatique ?
Cette affaire Honorine Porsche Kinshasa interpelle toute la société congolaise. Elle questionne notre capacité collective à défendre la dignité humaine, même face à des personnes suspectées de crimes. Car le véritable test d’une société démocratique réside dans sa manière de traiter ceux qui ont commis des fautes.
Alors que la lumière est braquée sur ce cas particulier, des milliers d’autres violences contre les femmes restent dans l’ombre. Cette affaire doit servir de déclic pour une prise de conscience nationale sur la nécessité de protéger toutes les femmes, sans exception.
La route vers une véritable protection des droits des femmes en RDC reste longue, mais chaque prise de position ferme, chaque condamnation sans équivoque, constitue un pas vers une société plus juste et respectueuse de la dignité humaine.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
