Dans un coup de théâtre politique qui secoue la scène locale du Tanganyika, le conseil communal de Lukuga à Kalemie a procédé ce lundi 20 octobre à la destitution de sa présidente, Marguerite Mowa Kafindo. Cette décision radicale, prise lors d’une plénière tenue au siège même de l’institution, intervient après plusieurs mois de tensions latentes au sein de l’organe délibérant.
La motion de censure, initiée par une pétition déposée le 8 juillet 2025 et soutenue par 4 des 7 conseillers, révèle des fractures profondes dans la gouvernance locale. Le conseiller communal Wilondja Wilky, porte-parole des contestataires, a détaillé les principaux griefs justifiant cette destitution conseil communal Kalemie : un cumul de fonctions incompatible avec les responsabilités municipales, des absences répétées du bureau du conseil et des lacères dans la transparence financière.
Le cumul fonctions Tanganyika constitue l’accusation la plus lourde, Mme Mowa exercerait simultanément comme conseillère communale et agent du service public de l’État, en violation flagrante de la loi organique sur les entités territoriales décentralisées. Cette situation pose une question fondamentale : jusqu’où peut-on tolérer le mélange des genres dans l’administration territoriale congolaise ?
Les absences au poste représentent le deuxième pilier de l’accusation. La présidente déchue aurait régulièrement privilégié ses fonctions au service du cadastre au détriment de ses obligations communales, créant un vide leadership préjudiciable au fonctionnement de l’institution. Les conseillers Lukuga dénoncent également une gestion opaque des finances et une tendance à imposer sa volonté, au mépris du règlement intérieur qui régit pourtant leurs travaux.
« Elle ne respecte pas la volonté de la majorité des conseillers et viole les dispositions de notre règlement financier », a déclaré Wilondja Wilky, résumant ainsi le malaise persistant au sein de l’assemblée délibérante. Ces mots traduisent une fracture qui dépasse la simple personnalité de Mme Mowa pour toucher aux fondamentaux de la démocratie locale.
Face à ces accusations, Marguerite Mowa Kafindo oppose une fin de non-recevoir catégorique. La présidente destituée rejette fermement l’ensemble des griefs et exige des preuves tangibles pour étayer les allégations portées contre elle. Elle conteste vigoureusement la légitimité de la procédure de destitution, estimant que le processus ne respecte pas les formes légales requises.
Cette crise institutionnelle soulève des interrogations plus larges sur la politique locale RDC. Les pratiques de cumul de fonctions, bien que prohibées par la loi, restent-elles monnaie courante dans les administrations territoriales ? La destitution de Mme Mowa marque-t-elle un tournant vers un plus grand respect des principes de bonne gouvernance ou s’agit-il simplement d’un règlement de comptes entre factions rivales ?
L’épisode illustre les défis persistants de la décentralisation en République Démocratique du Congo, où la frontière entre service public et intérêts personnels demeure parfois floue. La résolution de cette crise testera la maturité politique des institutions locales et leur capacité à surmonter les divisions internes pour servir l’intérêt général.
Les prochains jours seront déterminants pour l’avenir du conseil communal de Lukuga. La crédibilité de l’institution est en jeu, tout comme la confiance des citoyens dans leurs représentants locaux. Cette affaire pourrait bien constituer un précédent significatif pour la gouvernance des entités décentralisées à travers le pays.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net