Le franc congolais connaît une appréciation remarquable face au dollar américain, avec un taux de change passant de 2850 FC pour 1 USD en août à environ 2300 FC actuellement, et même oscillant entre 1800 et 2000 FC dans certaines régions. Cette évolution significative, qualifiée d’historique par les observateurs économiques, interpelle sur ses répercussions réelles dans l’économie congolaise.
Lors de la 63e réunion du Conseil des ministres, le Président Félix Tshisekedi a insisté sur la nécessité d’établir un mécanisme de suivi strict pour garantir que cette appréciation du franc congolais se traduise concrètement dans le panier de la ménagère. Le Chef de l’État a souligné que les effets positifs déjà perceptibles à travers la légère baisse des prix de certains produits doivent s’accélérer et devenir tangibles pour la population.
« La vérité et la transparence des prix sur le marché doivent être scrupuleusement garanties afin de préserver le pouvoir d’achat des ménages, de consolider la stabilité monétaire et de prévenir toute dérive spéculative susceptible d’alimenter l’inflation », a déclaré le Président Tshisekedi, selon le compte-rendu de la réunion du 17 octobre.
Cette position présidentielle intervient dans un contexte où des pratiques opportunistes et des manipulations spéculatives persistent chez certains opérateurs économiques. Le Président a qualifié ces comportements d’« atteinte grave à la transparence du marché » et de facteurs érodant la confiance des citoyens dans les institutions publiques.
Comment expliquer cette appréciation soudaine du franc congolais ? La Banque Centrale du Congo (BCC) attribue cette performance à une série de mesures structurelles implémentées récemment. Parmi les actions décisives figurent l’intervention directe sur le marché des changes le 18 août 2025 via une cession de 50 millions USD, l’actualisation du taux de change appliqué au stock de la réserve obligaire sur les dépôts en dollars, et une organisation plus transparente du marché des changes.
La politique monétaire de la BCC montre des résultats tangibles, avec une ponction de 371 milliards FC pour le premier palier de cristallisation des réserves en devises. Cette approche rigoureuse a permis une amélioration globale de la gestion de la liquidité bancaire, créant les conditions propices à une stabilité monétaire durable.
Face à ces perspectives favorables, le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la BCC a opéré un virage significatif en assouplissant sa politique monétaire. Le taux directeur de la banque centrale passe ainsi de 25,0% à 17,5%, représentant une réduction substantielle de 750 points de base. Cette décision audacieuse reflète la confiance des autorités monétaires dans la consolidation des acquis.
Mais cette appréciation du franc congolais suffira-t-elle à améliorer réellement le quotidien des Congolais ? Le Président Tshisekedi a instruit le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Économie nationale et l’ensemble des ministres du secteur économique à renforcer la surveillance, la traçabilité et la transparence dans le circuit d’approvisionnement et de distribution. L’objectif affiché est de garantir une stricte adéquation entre les coûts réels et les prix pratiqués sur le marché intérieur.
Une attention particulière sera accordée aux produits de première nécessité, dont les variations incontrôlées affectent directement le pouvoir d’achat des ménages. Les opérateurs économiques qui se rendraient coupables de pratiques spéculatives ou abusives devront être sanctionnés avec la rigueur requise conformément à la loi.
Parallèlement, la communication économique nationale sera intensifiée pour informer régulièrement la population sur les prix de référence actualisés des principaux produits de consommation. Le Chef de l’État encourage tous les compatriotes à signaler toute variation injustifiée dans une dynamique de responsabilité partagée.
La Banque Centrale du Congo est appelée à redoubler d’efforts pour consolider la régulation et la stabilité des marchés de change. Elle devra veiller particulièrement à la stricte application du taux de change officiel sur l’ensemble du territoire national through un renforcement de ses mécanismes de contrôle, de supervision et de communication.
Ces actions conjuguées, selon le Président Tshisekedi, assureront « la discipline monétaire indispensable à la stabilité macroéconomique et au bien-être du peuple congolais ». La valorisation du franc congolais doit ainsi être perçue à la fois comme un indicateur de stabilité macroéconomique et comme un moyen d’améliorer concrètement le bien-être des populations.
L’enjeu désormais est de transformer cette appréciation technique en bénéfices palpables pour l’économie réelle. La réussite de cette transition déterminera non seulement la crédibilité des institutions monétaires congolaises, mais aussi la confiance des investisseurs dans la capacité de la RDC à maintenir une stabilité monétaire durable.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
