Dans le paysage culturel kinois, un silence lourd s’installe là où résonnaient naguère les échos créatifs. La Maison Culturelle des Mwindeurs, ce havre de créativité niché au cœur de N’djili, vient de déposer les armes temporairement. Un coup d’arrêt brutal qui interroge sur les mécanismes de financement culturel en RDC et leurs implications sur la vitalité artistique locale.
Entre les murs de ce sanctuaire culturel, l’air semble désormais porter la mélancolie des rêves suspendus. Le projet MutuBuku, cette médiathèque ambitieuse destinée à irriguer le terreau intellectuel congolais, se heurte au mur incompréhensible des « dysfonctionnements institutionnels ». Comment une structure aussi essentielle peut-elle ainsi voir ses ambitions contrariées par des querelles administratives ?
La décision du pôle EUNIC RDC de retirer son soutien financier résonne comme un coup de tonnerre dans le ciel pourtant déjà nuageux du financement culturel RDC. Le motif avancé ? Le séjour européen de Malafi Niamba, initiateur visionnaire de ce projet, parti se refugier sous d’autres cieux pour des raisons sécuritaires après son incarcération à Makala. Ironie du sort : celui qui fuit les persécutions se voit pénalisé pour sa propre sécurité.
Pourtant, la coordination sur place continuait son œuvre, portée par une équipe locale dévouée. Les mails s’échangent, les dossiers s’empilent, mais l’ombre du doute plane soudain. « Il semble que tu sois parti depuis plus de trois mois » – cette simple phrase, jetée comme un pavé dans la mare tranquille des procédures, suffit à compromettre des mois de travail acharné. La fermeture centre culturel Kinshasa devient alors l’ultime recours, le geste de protestation d’une structure épuisée par des combats administratifs épuisants.
Quel message cela envoie-t-il aux autres initiatives culturelles congolaises ? Que la mobilité, parfois nécessaire à la survie même des artistes, devient un obstacle à la reconnaissance de leur travail ? La situation soulève des questions fondamentales sur l’autonomie des structures locales face aux bailleurs internationaux.
Dans les rues de N’djili, l’absence de la Maison Culturelle des Mwindeurs se fait déjà sentir. Ce lieu qui incarnait l’espoir d’une décentralisation culturelle réelle, qui offrait à la jeunesse kinoise un espace où forger son imaginaire, repose désormais ses forces. L’échec du financement du projet MutuBuku représente plus qu’un simple revers administratif : c’est une brèche dans l’édifice fragile de la reconstruction culturelle congolaise.
La fermeture temporaire s’apparente à une respiration profonde avant de可能的重新战斗. Dans leur communiqué, les responsables appellent à l’examen des échanges, à l’évaluation des manquements, à la médiation institutionnelle. Autant de gestes qui trahissent une volonté farouche de ne pas abandonner le combat, mais simplement de le mener sur un terrain plus équitable.
Alors que les portes se ferment, une question persiste : jusqu’où les structures culturelles congolaises doivent-elles s’adapter aux exigences parfois kafkaïennes des bailleurs internationaux ? La Maison Culturelle des Mwindeurs, par sa fermeture protestataire, dessine peut-être les contours d’une nouvelle forme de résistance culturelle. Une résistance qui refuse de plier face à l’incompréhension administrative, qui préfère le silence temporaire au compromis permanent.
L’épisode rappelle cruellement la précarité du financement culturel RDC et la nécessité de mécanismes plus adaptés aux réalités locales. Alors que le projet MutuBuku reste en suspens, c’est toute une communauté qui retient son souffle, attendant que les institutions entendrent enfin l’appel au dialogue et à l’équité.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc
