Une mission conjointe des Nations Unies et du gouvernement congolais vient de s’achever dans la province de la Tshopo, marquant une étape importante dans le cadre de la coopération pour le développement durable. Cette évaluation, qui s’est déroulée sur plusieurs jours, avait pour objectif de mesurer les progrès accomplis et d’identifier les défis persistants dans cette région stratégique de la République Démocratique du Congo.
Le programme de coopération, formalisé par la ministre des Affaires étrangères Thérèse Kaikwamba Vagner et le coordonnateur résident des Nations Unies Bruno Le Marquis, représente un engagement mutuel à renforcer les actions dans les domaines économique, social et environnemental. Cette mission ONU RDC Tshopo s’inscrit dans une vision à long terme visant à améliorer les conditions de vie des populations tout en préservant les ressources naturelles.
À Kisangani, la délégation a constaté des avancées significatives dans le secteur de la santé. Les projets santé Kisangani menés en collaboration avec le Programme national multisectoriel de lutte contre le sida (PNMLS) ont particulièrement retenu l’attention. Anne Dongui, cheffe de la délégation, a souligné l’importance des actions de sensibilisation au dépistage et de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida. « Ces efforts, portés par ONU-Sida, contribuent à améliorer la santé publique dans la province », a-t-elle affirmé, reconnaissant le travail accompli malgré les contraintes logistiques et financières.
Le volet environnemental de la mission a révélé un bilan plus contrasté. L’évaluation environnement Yangambi et Madula a mis en lumière à la fois des progrès encourageants et des lacunes préoccupantes. Les experts ont salué l’encadrement technique fourni par l’UNESCO et ses partenaires sur les méthodes d’agriculture durable. Cependant, comme l’a fait remarquer Mukanya Bukasa, chef de service de la coopération multilatérale au ministère des Affaires étrangères, « on remarque une forte mobilisation des partenaires, mais du côté des bénéficiaires, il y a un manque d’appropriation ».
Cette observation soulève une question fondamentale : comment garantir la pérennité des interventions lorsque l’engagement local fait défaut ? Le partenariat UNESCO RDC, bien que techniquement solide, se heurte à des limites en termes d’appropriation communautaire. Les populations concernées semblent parfois peu impliquées dans la conception et la mise en œuvre des projets qui les concernent directement.
Face à ce constat, la délégation a formulé des recommandations précises. Elle préconise une implication plus active des autorités provinciales, notamment à travers un appui budgétaire aux projets en cours. La nécessité d’une coordination renforcée entre les partenaires techniques et les structures locales apparaît comme une condition sine qua non pour garantir la durabilité des interventions. La coopération développement durable ne peut en effet produire des résultats durables que si elle s’appuie sur une véritable appropriation locale.
Les défis identifiés lors de cette mission reflètent des problématiques plus larges qui traversent l’ensemble des programmes de développement en RDC. La tension entre l’expertise internationale et les réalités locales, la difficulté à maintenir un engagement soutenu des autorités provinciales, et la recherche d’un équilibre entre assistance technique et autonomisation des communautés représentent autant de chantiers prioritaires.
Cette évaluation conjointe ouvre ainsi des perspectives importantes pour l’avenir de la coopération internationale en RDC. Elle démontre la valeur ajoutée d’un dialogue franc et constructif entre tous les acteurs du développement. La prochaine étape consistera à traduire ces recommandations en actions concrètes, en veillant à ce que les leçons tirées de cette mission orientent efficacement les interventions futures dans la province de la Tshopo et au-delà.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net