La résurgence des maladies diarrhéiques dans l’aire de santé de Buguri, territoire de Masisi au Nord-Kivu, soulève des inquiétudes majeures parmi les professionnels de santé. Cette situation alarmante met en lumière l’importance cruciale des mesures d’hygiène, particulièrement concernant l’entretien des toilettes, dans la prévention des épidémies.
Comment une simple négligence dans l’entretien des toilettes peut-elle mettre en danger toute une communauté ? Baraka Rubahita Pacifique, infirmier titulaire adjoint de l’aire de santé de Buguri, tire la sonnette d’alarme face à la recrudescence des cas de diarrhée observés dans les différents postes de santé de sa zone de responsabilité. Selon ses observations, le manque d’hygiène dans les installations sanitaires constituerait l’un des principaux vecteurs de propagation des maladies.
Les conséquences de cette négligence peuvent s’avérer dramatiques pour la santé publique dans cette région de la RDC. Les insectes, attirés par les matières fécales, deviennent des transporteurs actifs de microbes pathogènes. Imaginez une mouche se posant sur des excréments puis sur votre nourriture : c’est cette chaîne de contamination silencieuse qui explique la propagation rapide des infections diarrhéiques, du choléra et autres maladies hydriques.
Mais quelles sont les mesures concrètes à adopter pour briser ce cycle infernal ? L’infirmier Rubahita insiste sur des gestes simples mais essentiels. Pour les toilettes traditionnelles, si courantes dans la région, il recommande systématiquement l’utilisation d’un couvercle en bois pour obturer le trou après chaque utilisation. « Le balayage régulier et l’utilisation d’un balai spécifiquement dédié au nettoyage des toilettes sont des pratiques qui sauvent des vies », souligne-t-il avec conviction.
Concernant les toilettes modernes, lorsque disponibles, les recommandations sont tout aussi précises. L’utilisation abondante d’eau combinée à un nettoyage méticuleux après chaque passage forme la base de la prévention. L’infirmier va même plus loin en préconisant l’usage d’antiseptiques comme la crayoline pour une désinfection optimale des surfaces. Ces produits, accessibles et peu coûteux, pourraient faire la différence dans la lutte contre les maladies diarrhéiques à Masisi.
La situation à Buguri reflète un problème plus large de santé publique au Nord-Kivu. La consommation d’eau impropre, combinée à des pratiques hygiéniques défaillantes, crée un terrain propice à l’émergence et à la persistance des maladies diarrhéiques. Pourtant, des solutions existent et leur mise en œuvre ne nécessite pas de moyens démesurés. L’engagement communautaire et l’appropriation des bonnes pratiques par chaque famille représentent les véritables clés du succès.
Les infections urinaires, les diarrhées aiguës et le choléra au Congo trouvent dans ces conditions insalubres un terrain de propagation idéal. Chaque cas de diarrhée enregistré dans les postes de santé de Buguri raconte une histoire de prévention manquée, de geste hygiénique oublié, de toilette négligée. Ces maladies, qui peuvent sembler banales, représentent pourtant un danger mortel pour les populations les plus vulnérables, particulièrement les enfants et les personnes âgées.
La bataille contre les maladies diarrhéiques à Masisi ne se gagnera pas uniquement dans les centres de santé mais d’abord dans chaque foyer, chaque toilette, chaque geste du quotidien. L’appel lancé par l’infirmier Rubahita résonne comme un rappel urgent à la responsabilité collective. La construction de toilettes appropriées et leur entretien rigoureux ne sont pas des options mais des nécessités vitales pour la santé de toute la communauté.
Alors que la région du Nord-Kivu fait face à de multiples défis sanitaires, la prévention des maladies diarrhéiques à Buguri représente un enjeu accessible et prioritaire. L’adoption généralisée de ces mesures d’hygiène fondamentales pourrait significativement réduire la charge morbide qui pèse sur les structures de santé déjà fragilisées. La question qui se pose désormais est celle de la mobilisation de tous les acteurs – autorités sanitaires, leaders communautaires et populations – pour transformer ces recommandations en actions durables.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd