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Chéri Chérin décès : le Congo perd son peintre de la satire sociale

Le pinceau s’est arrêté de danser. Ce dimanche 19 octobre 2025, Kinshasa a perdu l’une de ses voix les plus colorées, l’une de ses consciences les plus vives. Chéri Chérin, de son vrai nom Joseph Kinkonda, s’est éteint à l’âge de 70 ans, laissant derrière lui un héritage pictural aussi riche que complexe, miroir tendu à une société congolaise en perpétuelle mutation.

Qui était donc cet artiste dont les toiles racontaient Kinshasa mieux que bien des discours ? Né le 16 février 1955 dans cette Léopoldville encore coloniale, Joseph Kinkonda allait devenir Chéri Chérin, pseudonyme sous lequel il deviendra l’un des piliers de la peinture populaire congolaise contemporaine. Aux côtés de Chéri Samba et Moké, il formait ce triumvirat artistique qui a su capter l’âme kinoise dans toute sa complexité, sa vitalité, ses contradictions.

Son œuvre, véritable chronique sociale, explore avec une acuité remarquable les thèmes de la débrouille, du pouvoir et des inégalités sociales. Chaque toile de Chéri Chérin ressemble à un roman dont les personnages seraient ces Kinois ordinaires auxquels il donne une dignité picturale. Ses couleurs vives, ses compositions dynamiques, ses personnages aux expressions parlantes : tout concourt à créer un langage visuel immédiatement reconnaissable, profondément ancré dans la réalité congolaise.

Mais l’art de Chéri Chérin ne se limitait pas à une simple représentation du quotidien. Son pinceau se faisait souvent arme de satire politique, n’hésitant pas à croquer avec humour et pertinence les travers du pouvoir. Cette audace lui valut d’ailleurs quelques démêlés durant les dernières années du régime Mobutu, preuve s’il en fallait de la puissance subversive de son art. Comment ne pas voir dans cette résistance par les pinceaux l’affirmation d’une liberté créatrice refusant de se soumettre ?

La disparition de ce maître de la peinture populaire congolaise intervient à un moment où l’art contemporain africain connaît une reconnaissance internationale sans précédent. Chéri Chérin laisse une œuvre qui dépasse largement les frontières de la RDC, s’inscrivant dans le patrimoine artistique africain tout en conservant cette authenticité qui fait sa singularité. Son approche unique de la satire sociale, mêlant humour et gravité, trivialité et profondeur, a influencé toute une génération de jeunes artistes congolais.

Au-delà de la perte artistique, c’est une mémoire collective qui s’efface partiellement. Chéri Chérin était en effet l’un de ces rares artistes capables de traduire en images les aspirations, les rêves, mais aussi les désillusions de tout un peuple. Ses toiles constituaient des archives vivantes de l’évolution sociale et politique de la RDC, des années post-indépendance à nos jours. Chaque œuvre raconte une histoire, dénonce une injustice, célèbre une victoire du quotidien.

Les hommages qui affluent déjà des quatre coins du monde artistique témoignent de l’importance de son legs. Sur les réseaux sociaux, dans les galeries, les musées, la communauté artistique congolaise et internationale rend hommage à celui qui aura marqué de son empreinte indélébile l’art populaire congolais. Son décès survient alors que la scène culturelle kinoise connaît un renouveau certain, portée par de jeunes talents qui, sans aucun doute, ont été inspirés par son travail.

Que restera-t-il de Chéri Chérin dans le paysage culturel congolais ? Sans doute bien plus que des toiles accrochées aux cimaises des musées. Son héritage le plus précieux réside peut-être dans cette capacité à avoir montré que l’art peut être à la fois populaire et sophistiqué, local et universel, engagé et poétique. Sa disparition nous invite à redécouvrir son œuvre avec un regard neuf, à mesurer toute la portée de son message artistique.

La peinture populaire congolaise perd avec lui l’un de ses plus brillants représentants, mais son influence continuera de nourrir la création artistique en RDC et au-delà. Dans les rues de Kinshasa, dans les ateliers des jeunes peintres, dans les mémoires collectives, Chéri Chérin, Joseph Kinkonda de son vrai nom, continuera de vivre à travers les couleurs et les formes qui ont fait sa renommée.

Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc

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Yvan Ilunga
Yvan Ilunga
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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