Dans la chaleur étouffante du site de Gare-Makala, à une trentaine de kilomètres de Kalemie, une lueur d’espoir se dessine timidement. Marie, mère de cinq enfants, serre contre elle un seau neuf et un paquet de serviettes hygiéniques. « Depuis que nous avons fui les violences, c’est la première fois que je reçois quelque chose de concret pour ma famille », confie-t-elle, les yeux humides. Comme elle, 3 544 ménages, soit 15 311 personnes déplacées, viennent de recevoir une aide humanitaire cruciale de l’UNICEF.
La distribution, organisée jeudi dernier, représente bien plus qu’une simple assistance matérielle. Comment survivre quand on a tout perdu ? Comment maintenir sa dignité quand on dépend de la solidarité des autres ? Ces questions, des milliers de familles les portent chaque jour dans ce site de déplacés où les conditions de vie défient l’entendement.
Les produits non alimentaires distribués – ustensiles de cuisine, couteaux, assiettes, sacs, nattes, seaux, bidons, savon et serviettes hygiéniques – peuvent sembler banals pour certains. Mais pour ces familles qui ont tout abandonné devant l’avancée des groupes armés, chaque objet représente un pas vers la reconstruction de leur quotidien. « Ces articles ménagers essentiels nous aident à retrouver un semblant de normalité », témoigne un père de famille originaire du Nord-Kivu.
Le projet Réponse rapide (UniRR), financé par le Bureau for Humanitarian Assistance (BHA) et la Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire européennes (ECHO), montre l’importance de la coordination entre acteurs humanitaires. La Croix-Rouge de la RDC, par ses volontaires, a assuré la distribution sur le terrain, démontrant une fois de plus le rôle crucial des organisations locales dans l’aide humanitaire en RDC.
Jean Paulin Twite, représentant de la Croix-Rouge Tanganyika, précise que cette action s’inscrit dans le cadre du service Eau, Hygiène et Assainissement (WASH). Une dimension essentielle dans une région où les maladies hydriques font des ravages parmi les populations vulnérables. La distribution de serviettes hygiéniques aux femmes et jeunes filles en âge de procréer répond à un besoin spécifique souvent négligé dans les situations d’urgence.
Derrière ces chiffres et ces kits de distribution se cachent des histoires humaines déchirantes. Certains bénéficiaires ont fui la rebellion de l’AFC/M23 au Nord et Sud-Kivu, d’autres ont quitté leurs villages face à l’insécurité persistante dans les territoires de Kalemie et d’autres zones du Tanganyika. Tous partagent le même traumatisme : avoir dû abandonner leurs terres, leurs souvenirs, leur vie.
L’assistance humanitaire au Tanganyika représente-t-elle une solution durable ou un simple pansement sur une blessure béante ? Si l’initiative est saluée par les bénéficiaires, elle ne résout pas les causes profondes des déplacements. Les conflits armés dans l’Est de la RDC continuent de jeter sur les routes des milliers de civils, créant une dépendance chronique à l’aide extérieure.
La gratitude exprimée par les bénéficiaires envers l’UNICEF ne doit pas masquer l’urgence d’une solution politique aux conflits qui déchirent la région. L’aide humanitaire reste vitale, mais elle ne peut constituer qu’un volet d’une réponse globale incluant la protection des civils, la justice et le développement économique.
Alors que le soleil se couche sur le site de Gare-Makala, les familles déplacées préparent leur modeste repas avec leurs nouveaux ustensiles. Un moment de répit, fragile, dans un quotidien marqué par l’incertitude. L’assistance humanitaire apporte un soulagement temporaire, mais le chemin vers une vie stable et digne reste long pour ces victimes des conflits armés dans l’Est de la RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
