La République Démocratique du Congo affiche des statistiques économiques qui donnent à réfléchir en cette Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Selon les dernières données de la Banque mondiale, 85,3% des Congolais survivent avec moins de 3 dollars par jour, un chiffre qui place le pays parmi les nations les plus touchées par la précarité mondiale. Cette réalité interpelle tous les acteurs de la société congolaise sur l’urgence d’une action coordonnée.
Le député national Steve Mbikayi, membre de l’Union sacrée, apporte une nuance importante à ces statistiques alarmantes. « Si l’on tenait compte de ce que produit le secteur informel Congo, on verrait que la situation n’est pas aussi catastrophique qu’on le dit », affirme-t-il. Cette économie parallèle, qui échappe aux radars officiels du PIB, représenterait selon lui un potentiel considérable pour les recettes de l’État, à condition d’être mieux organisée et encadrée socialement.
Mais comment expliquer que cette économie informelle Congo ne parvienne pas à sortir la population de la précarité ? Prince Epenge, porte-parole de la plateforme d’opposition Lamuka, pointe un paradoxe saisissant : « Comment un pays qui dispose de 80 millions d’hectares de terres arables peut-il compter 28 millions de personnes en insécurité alimentaire RDC ? » Cette interrogation met en lumière le décalage entre les potentialités naturelles du pays et la réalité vécue par sa population.
Les statistiques Banque mondiale RDC révèlent une situation économique préoccupante qui dépasse la simple question des revenus. Jonas Tshiombela, coordonnateur de la Nouvelle société civile congolaise, identifie plusieurs facteurs interdépendants : « mauvaise gouvernance, corruption, impunité, conflits armés, mais aussi l’absence de transformation locale des ressources naturelles ». Cette analyse multifactorielle suggère que la solution à la pauvreté RDC nécessite une approche globale et systémique.
Le secteur minier, souvent présenté comme le moteur de l’économie nationale, illustre parfaitement ce paradoxe congolais. Malgré des ressources naturelles exceptionnelles, le pays peine à transformer cette richesse potentielle en développement concret pour sa population. La question se pose alors : comment valoriser ces atouts pour qu’ils bénéficient directement aux citoyens confrontés à la précarité quotidienne ?
La diversification économique apparaît comme une piste essentielle pour rompre avec le cycle de la pauvreté RDC. « Il faut refonder la gouvernance publique, investir dans le capital humain, diversifier l’économie, renforcer la décentralisation et valoriser nos richesses par la transformation locale », propose Jonas Tshiombela. Cette vision rejoint celle de nombreux experts qui soulignent l’importance de créer des chaînes de valeur locales plutôt que d’exporter des matières premières brutes.
L’insécurité alimentaire RDC constitue un autre indicateur préoccupant de la précarité généralisée. Avec 28 millions de personnes touchées, le pays fait face à un défi nutritionnel majeur, alors même que ses terres arables pourraient nourrir une large partie du continent. Cette contradiction interroge sur l’efficacité des politiques agricoles et la répartition des ressources.
Au-delà des divergences politiques, un consensus émerge sur la nécessité de réorganiser l’économie nationale et d’améliorer la gouvernance. Les acteurs s’accordent sur l’urgence d’une action structurée pour éviter que la pauvreté ne continue à éroder les fondements sociaux et économiques du pays. La formalisation du secteur informel Congo pourrait constituer une première étape vers cette transformation économique tant attendue.
Les prochains mois seront déterminants pour vérifier si ces déclarations d’intention se traduiront en actions concrètes. La population congolaise, résiliente face à l’adversité économique, attend des mesures tangibles qui amélioreront son quotidien et réduiront significativement le taux de pauvreté RDC. Le chemin vers l’émergence économique semble encore long, mais la prise de conscience collective constitue un premier pas essentiel.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net