Dans un contexte où les dysfonctionnements administratifs persistent depuis des décennies, le président Félix Tshisekedi a décidé de frapper un grand coup lors de la 63ème réunion du Conseil des ministres. Le chef de l’État a confié au vice-Premier ministre Jean-Pierre Lihau une mission délicate : proposer sous 30 jours des mesures réglementaires visant à garantir le respect des droits des fonctionnaires. Cette instruction présidentielle intervient alors que la lenteur dans le traitement des dossiers disciplinaires atteint des niveaux préoccupants, conduisant même à la caducité des procédures.
La réforme de la fonction publique en RDC serait-elle enfin sur les rails ? Le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa, a révélé que le président Tshisekedi a expressément demandé le respect des délais légaux dans les procédures disciplinaires. « L’agent concerné doit être mis en mesure de présenter ses moyens de défense », a-t-il souligné, marquant ainsi une volonté de rompre avec les pratiques arbitraires qui ont longtemps caractérisé l’administration congolaise.
Cette initiative s’inscrit dans la modernisation de l’administration et l’innovation du service public, chantier prioritaire du gouvernement. Le statut des fonctionnaires de l’État, souvent bafoué, retrouverait ainsi ses lettres de noblesse. Mais derrière cette annonce se cache une réalité plus complexe : le gouvernement parviendra-t-il à imposer cette réforme dans un système réputé pour sa résistance au changement ?
La mesure la plus significative concerne la notification systématique au ministère de la Fonction publique de toute ouverture d’actions disciplinaires, quel que soit le grade de l’agent. Cette disposition vise à garantir la régularité et la transparence dans la gestion des carrières. Pour les secrétaires généraux, la procédure est encore plus stricte : toute suspension préventive devra désormais être précédée d’une information préalable du ministère de la Fonction publique.
Cette supervision accrue du ministère de la Fonction publique représente-t-elle une recentralisation du pouvoir disciplinaire ? Les observateurs notent que cette mesure entend mettre fin aux dérives constatées, notamment les remises-reprises précipitées ou l’installation d’intermédiaires se considérant indûment comme titulaires. Le gouvernement joue donc la carte de la régularité contre l’arbitraire, un pari risqué dans un paysage administratif où les habitudes sont bien ancrées.
Le timing de cette annonce n’est pas anodin. Alors que l’administration congolaise peine à se réformer, le président Tshisekedi envoie un signal fort à la veille de périodes politiques sensibles. Les droits des fonctionnaires au Congo deviendront-ils enfin une réalité tangible ? La réponse dans les 30 jours, délai imparti au vice-Premier ministre pour soumettre ses propositions.
Cette accélération réglementaire interroge sur la capacité réelle du gouvernement à transformer rapidement des pratiques administratives profondément enracinées. Les mesures réglementaires en RDC seront-elles suffisantes pour venir à bout des lourdeurs bureaucratiques ? L’administration publique sous Tshisekedi saura-t-elle se réinventer ?
La supervision de la Première ministre sur ce dossier ajoute une dimension politique supplémentaire à ce chantier. Cette collaboration interministérielle témoigne de l’importance stratégique que revêt cette réforme pour l’exécutif. Le statut du fonctionnaire d’État pourrait ainsi connaître sa mue la plus significative depuis des années, à condition que les bonnes intentions ne se heurtent pas aux réalités du terrain.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net