La classe politique congolaise assiste, impuissante, à la dégradation continue de la sécurité dans l’Est du pays. Dans ce contexte alarmant, l’appel du sénateur Salomon SK Della résonne comme un coup de semonce dans le paysage politique congolais. Le cadre d’Ensemble pour la République place le dialogue national au cœur des solutions urgentes à apporter à la crise sécuritaire qui mine la RDC depuis des décennies.
« Chaque jour qui passe sans dialogue entre Congolais est un jour de plus perdu pour la paix », cette déclaration du sénateur, publiée sur son compte X ce samedi 18 octobre 2025, résume l’urgence de la situation. Cette prise de position intervient dans un climat de tensions persistantes où la violence des groupes armés continue de faire des victimes parmi les populations civiles. Le timing de cet appel n’est pas anodin : la communauté internationale observe avec inquiétude l’enlisement de la crise congolaise.
Dans quelle mesure cet appel au dialogue national trouvera-t-il écho auprès des autres acteurs politiques ? La question mérite d’être posée tant les divisions semblent profondes au sein de la classe dirigeante congolaise. L’initiative du sénateur Della s’inscrit dans la droite ligne des positions d’Ensemble pour la République, qui réaffirme son soutien à l’appel du président angolais et de l’Union africaine, João Lourenço. Les conclusions des 12 et 13 août derniers semblent avoir marqué un tournant dans l’approche de la crise congolaise.
La particularité de cette proposition réside dans le choix des médiateurs : la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC). Ce choix stratégique témoigne d’une volonté de trouver une médiation crédible et acceptée par toutes les parties. Les églises congolaises ont, par le passé, démontré leur capacité à faciliter le dialogue dans des contextes politiques tendus. Leur implication pourrait constituer un gage de neutralité et d’efficacité.
Pour le parti de Moïse Katumbi, ce dialogue sous médiation conjointe CENCO-ECC représente « la voie incontournable pour restaurer la paix, la stabilité en RDC et remettre le pays sur les rails ». Cette formulation souligne l’ampleur des défis à relever : au-delà de la simple résolution de la crise sécuritaire, c’est toute la reconstruction nationale qui est en jeu. La métaphore ferroviaire utilisée n’est pas innocente : elle suggère que le pays a déraillé et nécessite une remise sur les rails en bonne et due forme.
L’approche préconisée par Ensemble pour la République semble reposer sur une conviction : seule une solution politique inclusive peut mettre un terme durable à la crise sécuritaire. Cette position contraste avec les approches purement militaires qui ont montré leurs limites face à la complexité du conflit. La persistance des violences dans l’Est du Congo démontre, s’il en était encore besoin, que les solutions unilatérales ne suffisent pas.
Le soutien affiché à l’initiative du président Lourenço place la crise congolaise dans son contexte régional. L’Angola, pays voisin et acteur important dans la sous-région, pourrait jouer un rôle déterminant dans la facilitation de ce dialogue. L’implication de l’Union africaine renforce encore la légitimité internationale de cette démarche. Reste à savoir si les autres parties prenantes accepteront de s’engager dans cette voie.
La balle est désormais dans le camp des autres acteurs politiques congolais. Leur réponse à cet appel déterminera peut-être l’avenir immédiat de la RDC. Le sénateur Della et son parti ont posé les premiers jalons d’une possible sortie de crise. À moins que cette initiative ne rejoigne le cimetière des bonnes intentions qui jalonne l’histoire politique récente du Congo ? L’urgence commande pourtant d’agir rapidement, alors que des milliers de Congolais continuent de payer le prix fort de l’instabilité persistante.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
