Vingt-et-un mois après les élections de décembre 2023 en République Démocratique du Congo, un collectif d’organisations de la société civile dresse un constat alarmant sur l’état du pays. Réunies à Kinshasa depuis le 30 septembre dernier, ces structures spécialisées dans le domaine électoral, l’éducation civique et les droits humains ont procédé à une évaluation approfondie de la situation post-électorale.
Le tableau qui se dégage de cette analyse multidimensionnelle n’est guère reluisant. Sur les plans politique, institutionnel, sécuritaire, économique et humanitaire, les indicateurs révèlent une fragilité accrue de l’État et de ses institutions. Comment en sommes-nous arrivés à cette situation préoccupante malgré le processus électoral récent ?
Parmi les organisations ayant participé à cette évaluation post-électorale figurent la Commission Éducation civique et Observation électorale, AETA, RECIC, la Commission Épiscopale Justice et Paix RDC/CONAFED, l’Église du Christ au Congo et la SYMOCEL. Leur diagnostic sans concession appelle à une prise de conscience collective et à des actions urgentes.
Au niveau présidentiel, les recommandations sont particulièrement pressantes. Les organisations demandent au chef de l’État de tout mettre en œuvre pour la réunification du pays par des mesures de décrispation politique. Le soutien au dialogue national et le renforcement des capacités de l’Armée Nationale figurent parmi les priorités identifiées. La convocation d’États généraux des processus électoraux est également réclamée pour évaluer sans tabous les fondements de notre démocratie.
Face à la persistance de l’impunité, la société civile exhorte le magistrat suprême à prendre des mesures fermes contre la mauvaise gouvernance. L’éradication de ce fléau constituerait-elle le premier pas vers la restauration de la confiance des citoyens dans leurs institutions ?
Le gouvernement congolais se voit assigner des missions cruciales pour redresser la barre. La résolution effective des problèmes sociaux, économiques, sécuritaires et humanitaires de la population doit devenir la priorité absolue. Les organisations préconisent des politiques investissant en milieu rural pour accroître la productivité nationale, créer des emplois et réduire l’exode rural.
La lutte contre l’insécurité revêt une importance particulière dans les recommandations. L’éradication du banditisme urbain, communément appelé phénomène kuluna, et la neutralisation des groupes MOBONDO dans l’ouest du pays nécessitent une approche déterminée et coordonnée.
Le renforcement de la transparence et la reddition des comptes apparaissent comme des conditions sine qua non pour restaurer la crédibilité des institutions. Le combat contre la corruption exige un système de contrôle renforcé et une réforme profonde des mécanismes de gestion publique. La participation citoyenne et le rôle de la société civile doivent être valorisés dans ce processus.
À la société civile elle-même, les organisations lancent un appel à la mobilisation et à l’unité. Considérée comme l’un des derniers remparts de la conscience nationale, elle doit se lever pour jouer son rôle de moteur dans la défense des aspirations du peuple. L’adoption d’un langage commun et une coordination des actions s’avèrent indispensables pour peser sur les décisions politiques.
Ces recommandations interviennent dans un contexte électoral particulier, près de six mois après la publication par la CENI de sa feuille de route pour le processus électoral 2025-2029. Ce calendrier, déjà confronté à l’absence de financement pour sa mise en œuvre, trace les grandes lignes des activités préparatoires aux prochaines élections. La société civile congolaise suivra-t-elle avec vigilance l’exécution de cette feuille de route cruciale pour l’avenir démocratique du pays ?
L’évaluation post-électorale réalisée par ces organisations spécialisées soulève des questions fondamentales sur la consolidation démocratique en RDC. Les recommandations formulées constituent-elles la feuille de route alternative pour sortir le pays de l’ornière ? La balle est désormais dans le camp des autorités politiques et institutionnelles qui devront démontrer leur volonté de mettre en œuvre ces propositions pour le bien-être de la population congolaise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd