L’Assemblée provinciale de Kinshasa retrouve un semblant de quiétude après des semaines de turbulences politiques. Le président Levy Mbuta, la vice-présidente Germaine Tshinyama Mpemba et le rapporteur André Nkongolo Nkongolo, précédemment dans le collimateur de leurs pairs, conservent finalement leurs fonctions au sein du bureau de l’organe délibérant. Une décision qui interroge sur la nature réelle des tensions ayant secoué l’institution et sur la pérennité de cette trêve politique.
La séance plénière du jeudi 16 octobre dernier, présidée par le doyen d’âge Shakob Woot Constantin, aura donc scellé le retour à la normale par le retrait pur et simple des pétitions déposées contre les trois membres du bureau. Les initiateurs de ces recours – les députés Aubin Mukanu, Ronald Kisamba et Steve Kongolo – ont opéré un revirement stratégique pour le moins surprenant. Au nom de la stabilité institutionnelle RDC, argument désormais incontournable dans le paysage politique congolaise, les dissensions internes auraient soudainement cédé la place à un consensus inattendu.
« Au vu des résultats, l’Assemblée provinciale prend acte des désistements et, par voie de conséquence, les trois membres du bureau reprennent leurs fonctions respectives », a déclaré le député Shakob Woot Constantin, dont le rôle de médiateur aura permis cette résolution rapide du conflit. Cette unanimité affichée masque-t-elle une simple trêve tactique ou marque-t-elle l’avènement d’une nouvelle ère de coopération au sein de l’Assemblée provinciale Kinshasa ?
Le contexte national éclaire cette soudaine réconciliation. Le Vice-Premier Ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, avait récemment alerté le Conseil des ministres sur les tensions persistantes dans plusieurs assemblées provinciales. Ces crises à répétition, alimentées par des accusations de mauvaise gouvernance Kinshasa et d’entraves au contrôle parlementaire, menacent la crédibilité même des institutions issues de la décentralisation. Face à ce constat préoccupant, la stabilisation de l’assemblée kinoise revêt une importance symbolique considérable.
La session parlementaire 2025, essentiellement budgétaire, requiert en effet une certaine sérénité pour examiner les finances de la capitale. Germaine Tshinyama Mpemba, qui assurait l’intérim à l’ouverture de la session, avait souligné l’urgence de traiter les dossiers financiers. Les députés parviendront-ils à dépasser leurs divergences pour se consacrer pleinement à leur mission législative ? La réponse se jouera dans les prochaines semaines, à l’épreuve des débats budgétaires.
Cette résolution rapide du conflit interne démontre la capacité de résilience des institutions congolaises, mais soulève également des questions sur les mécanismes de résolution des crises politiques. Le retrait des pétitions, s’il apaise temporairement les tensions, ne résout pas les griefs initiaux qui avaient motivé leur dépôt. La stabilité institutionnelle RDC se construit-elle sur le consensus ou sur l’étouffement des contestations légitimes ?
Les prochaines séances plénières seront déterminantes pour vérifier la solidité de cette réconciliation. Le retour des trois membres à leurs fonctions ne signifie pas nécessairement la fin des dissensions, mais plutôt leur mutation en conflits larvés. L’efficacité de l’assemblée dans le traitement des dossiers budgétaires constituera le véritable baromètre de cette paix retrouvée.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd