Dans la province troublée du Nord-Kivu, un cri d’alarme a été officiellement lancé. Des notables influents des communautés locales viennent de dénoncer avec véhémence les exactions commises par plusieurs factions de milices Wazalendo opérant dans le territoire de Masisi. Le memorandum, daté du vendredi 17 octobre et adressé aux autorités militaires et civiles provinciales, dresse un tableau sombre de la situation sécuritaire.
Trois groupes armés spécifiques sont clairement identifiés dans ce document accablant. L’Union des patriotes et démocrates pour la défense du Congo (UPDC) dirigée par Noah Maachano figure en tête de liste. Deux factions distinctes de la Coalition des patriotes résistants congolais (PARECO-FF) complètent ce trio décrié, respectivement commandées par Kigingi Jean de Dieu et Mutayomba Jam’s.
Les violations des droits humains documentées dans ce rapport révèlent un système d’oppression bien organisé. Le non-respect systématique du pouvoir coutumier local constitue l’une des premières préoccupations soulevées par les notables. Cette remise en cause des structures traditionnelles d’autorité fragilise davantage le tissu social déjà mis à mal par des années de conflit.
Le phénomène des taxes illégales représente une autre dimension inquiétante de ces exactions. Les milices Wazalendo du Nord-Kivu ont institutionnalisé un système de prélèvements forcés qui touche l’ensemble des activités économiques. Les voyageurs se voient contraints de payer des sommes variant entre 1000 et 2000 francs congolais à chaque barrière illégale, même pour le transport d’objets de faible valeur comme une poule ou un simple bidon vide.
L’exploitation illégale des sites miniers dans la région de Masisi ajoute une dimension économique à ces violations. Ces activités parallèles permettent aux groupes armés de s’autofinancer, perpétuant ainsi le cycle de violence et d’instabilité. Comment ces milices opèrent-elles en toute impunité dans ces zones ? Quelle réponse les autorités comptent-elles apporter à cette situation critique ?
Les notables signataires, issus de la chefferie des Bahunde et du secteur Osso-Banyungu, représentent les communautés directement affectées par ces exactions. Leurs témoignages provenant d’Ufamandu 1er et du groupement Nyamaboko 1er apportent une crédibilité supplémentaire à ces accusations graves. Leur décision de s’adresser officiellement aux autorités démontre l’urgence de la situation et l’échec des mécanismes de protection existants.
La persistance de ces violations des droits humains dans le Nord-Kivu interroge sur l’efficacité des dispositifs sécurités en place. Les civils continuent de payer le prix fort dans ce conflit qui n’en finit pas. Les exactions systématiques contre les populations locales transforment la vie quotidienne en un calvaire permanent, où chaque déplacement devient une épreuve et chaque activité économique un risque.
Le memorandum des notables constitue un document crucial qui pourrait marquer un tournant dans la lutte contre l’impunité des groupes armés. Reste à savoir si les autorités militaires et civiles du Nord-Kivu prendront des mesures concrètes pour mettre fin à ces exactions. La crédibilité des institutions étatiques dans la région se joue dans leur capacité à répondre efficacement à cet appel à l’aide désespéré.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net