«La canne blanche n’est pas seulement un outil de mobilité : elle est le signe visible d’un combat pour la reconnaissance, le respect et l’inclusion.» Ces mots de Dorcas Kapitaine Luamba, présidente fondatrice de la Fondation Soleil Levant, résonnent avec une force particulière en cette Journée internationale de la canne blanche célébrée ce 15 octobre. Dans un pays où les personnes aveugles et malvoyantes doivent quotidiennement affronter l’indifférence et les obstacles, son témoignage ouvre une fenêtre sur une réalité trop souvent occultée.
Comment expliquer que dans une société aussi vibrante que la nôtre, des milliers de concitoyens vivant avec un handicap visuel continuent de se heurter à des murs d’incompréhension ? La réponse se niche peut-être dans cette méconnaissance profonde que dénonce Madame Luamba. «Malgré certaines avancées, il persiste encore une méconnaissance profonde de la réalité que vivent les personnes malvoyantes», affirme-t-elle, le regard déterminé.
Au-delà des beaux discours, qu’en est-il vraiment de l’accessibilité des infrastructures publiques en RDC ? Les transports en commun, les bâtiments administratifs, les établissements scolaires sont-ils conçus pour accueillir celles et ceux qui voient le monde différemment ? La question mérite d’être posée, car comme le souligne la fondatrice de Soleil Levant, «les défis sont multiples». Le manque d’accessibilité aux infrastructures et à l’éducation constitue en effet le premier obstacle, mais certainement pas le seul.
«Le plus grand obstacle reste le manque d’opportunités économiques et sociales», précise Dorcas Kapitaine Luamba. Cette réalité touche au cœur même de la dignité humaine. Comment envisager l’épanouissement personnel lorsque les portes de l’emploi se ferment systématiquement ? Comment construire son avenir lorsque la société vous réduit à votre handicap ? Ces interrogations devraient nous hanter tant elles révèlent les failles de notre système social.
La Fondation Soleil Levant, à travers ses programmes d’accompagnement et de formation, tente justement de briser ces barrières invisibles. «Nous travaillons pour leur offrir une meilleure autonomie et un environnement où ils peuvent exprimer leurs talents», explique Madame Luamba. Son engagement auprès des personnes aveugles en RDC s’inscrit dans une vision plus large d’inclusion et de solidarité. Une vision où chaque individu, quelles que soient ses capacités visuelles, trouve sa place et contribue au développement de la nation.
Mais que faire concrètement pour transformer cette vision en réalité ? La réponse de Dorcas Kapitaine Luamba est claire : «Il est essentiel de mettre en œuvre des politiques publiques adaptées, de former le personnel dans les institutions à la prise en charge inclusive et d’encourager les entreprises à offrir des opportunités professionnelles réelles.» Pourtant, elle insiste sur un point crucial : «Au-delà des structures, c’est surtout le regard social qu’il faut transformer.»
Cette transformation des mentalités passe par une éducation inclusive dès le plus jeune âge. Apprendre aux enfants à voir au-delà des apparences, à reconnaître la valeur de chaque personne indépendamment de ses capacités physiques – voilà le véritable défi. «L’inclusion commence d’abord dans le cœur et dans la manière dont nous considérons l’autre», rappelle-t-elle avec une sagesse qui force l’admiration.
Chaque citoyen peut contribuer à cette évolution nécessaire. Un geste de bienveillance, un acte de solidarité, une participation à une campagne de sensibilisation – autant de petites actions qui, cumulées, peuvent créer un tsunami de changement. «Il ne s’agit pas seulement d’assister, mais de marcher ensemble vers une société plus inclusive, plus humaine et plus consciente de la valeur de chacun», souligne la présidente de la Fondation Soleil Levant.
Ce qui motive Dorcas Kapitaine Luamba dans son combat ? «Je suis profondément marquée par le courage, la détermination et la joie de vivre des personnes aveugles que nous accompagnons.» Chaque sourire, chaque progrès, chaque pas vers l’autonomie représente pour elle «une victoire humaine et spirituelle». Son message, à l’occasion de cette Journée internationale de la canne blanche, porte en lui une vérité universelle : «La cécité n’empêche pas de voir loin, lorsque le cœur sait où aller.»
Alors que la RDC continue sa marche vers le développement, la question de l’inclusion des personnes en situation de handicap visuel demeure un impératif moral et social. Les initiatives comme celles de la Fondation Soleil Levant montrent la voie, mais elles ne peuvent à elles seules porter tout le poids de ce changement. C’est à l’ensemble de la société congolaise de relever ce défi, pour construire ensemble un pays où chacun, quelles que soient ses différences, trouve sa place et contribue à écrire l’avenir.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
