Kinshasa devient l’épicentre d’une réflexion stratégique cruciale alors que s’ouvre le forum minier RDC sur les enjeux socio-économiques et miniers liés aux accords de paix Grands Lacs. Cette rencontre de trois jours, qui se déroule au Salon Congo de l’Hôtel Pullman, représente un tournant potentiel dans la transformation des richesses naturelles congolaises en instruments de stabilité régionale.
Le thème « Ensemble pour le développement, la paix et la responsabilité partagée » résume l’ambition collective : convertir les minerais, souvent sources de tensions, en véhicules de prospérité. Comment la République Démocratique du Congo peut-elle inverser la malédiction des ressources naturelles conflits ? La réponse semble résider dans une gouvernance minière Congo repensée et plus transparente.
Le Comité de crise pour la paix et la sécurité en RDC, initiateur de l’événement, a rassemblé un écosystème d’acteurs déterminants : société civile, représentants gouvernementaux et partenaires techniques et financiers. Cette diversité de participants témoigne de la complexité du défi à relever, mais aussi de la volonté d’une approche multisectorielle.
La vice-ministre de l’Intérieur, Eugénie Tshiela, a marqué l’ouverture des travaux en réitérant l’engagement gouvernemental à s’approprier les résolutions issues de ces assises. Son intervention souligne la reconnaissance officielle de l’urgence à agir face aux paradoxes de l’abondance minière congolaise.
La coopération allemande (GIZ), principal bailleur de l’événement, apporte une dimension internationale cruciale à ces discussions. Son appel à une « responsabilité partagée » dans la gestion des ressources et des accords de paix introduit une perspective de coopération transnationale essentielle pour le développement économique RDC.
Patient Bashombe, coordonnateur du comité organisateur, a frappé les esprits avec sa métaphore percutante : « Il est temps que les minerais du Congo cessent d’être le carburant de la guerre ». Cette formulation saisissante résume le défi historique auquel fait face le secteur extractif congolais, constamment tiraillé entre potentialités économiques et réalités conflictuelles.
Les travaux techniques qui se poursuivent jusqu’au 17 octobre 2025 ambitionnent de produire des mécanismes concrets pour rompre définitivement le lien néfaste entre exploitation minière et instabilité. La présence des ministères des Mines et de l’Intégration régionale garantit que les recommandations émanant de ce forum minier RDC pourront trouver un écho dans les politiques publiques.
L’enjeu dépasse largement la simple régulation sectorielle. Il s’agit ni plus ni moins de reconfigurer l’architecture économique de toute la région des Grands Lacs. Les accords de paix Grands Lacs peuvent-ils trouver dans une gestion rationnelle des ressources naturelles conflits leur meilleur garant de pérennité ? La question mérite d’être posée alors que les participants planchent sur des modèles de gouvernance minière Congo innovants.
Les perspectives économiques sont immenses : une exploitation responsable des minerais congolais pourrait constituer le levier principal du développement économique RDC, générant des revenus substantiels pour les infrastructures, l’éducation et la santé. Le défi consiste à transformer cette potentialité théorique en réalité tangible pour les populations.
Ce forum représente donc un test crucial pour la capacité des acteurs congolais et internationaux à écrire un nouveau chapitre de l’histoire minière de la RDC. Un chapitre où les richesses du sous-sol deviendraient enfin des instruments d’émancipation plutôt que des sources de division.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net