Dans la commune de Nganza à Kananga, le simple geste de se laver les mains relève du défi quotidien. Comment maintenir une hygiène básique quand l’eau potable se fait rare depuis plus d’une décennie? Les robinets de la REGIDESO restent obstinément secs, forçant les habitants à puiser dans des sources alternatives aux qualités sanitaires incertaines.
Martin Tshipamba, résident du quartier Salongo Muimba, partage son amère constatation: «La REGIDESO ne nous a pas envoyé l’eau depuis 12 ou 15 ans». Cette réalité frappe particulièrement lors de la Journée mondiale du lavage des mains, célébrée mercredi 15 octobre, où l’ironie de la situation saute aux yeux.
La crise de l’eau à Kananga dépasse largement le simple inconfort domestique. Au centre de santé Salongo Muimba, pourtant doté d’une infrastructure moderne construite en 2024 grâce au Fonds social, le personnel médical doit composer avec une situation alarmante. Raphaël Ntumba Kayenga, infirmier titulaire, ne cache pas son inquiétude: «La situation de l’eau potable est vraiment critique. Nous avons un bidon dans lequel nous mettons de l’eau».
Cette pénurie d’eau dans la province du Kasaï-Central compromet directement la sécurité des soins médicaux, particulièrement pour les femmes enceintes et les parturientes. Comment assurer des conditions d’accouchement hygiéniques avec seulement quelques litres d’eau à disposition? La question hante les professionnels de santé qui doivent faire face à des dilemmes quotidiens.
L’absence d’eau potable dans cette région de la RDC transforme des actes médicaux básiques en exercices périlleux. L’infirmier Ntumba lance un appel pressant: «Je voudrais lancer un message aux autorités, non seulement pour l’eau potable, mais aussi pour l’eau destinée aux mamans qui accouchent». Son cri d’alarme résonne dans tout le quartier Nganza, où chaque famille doit inventer des solutions de survie.
La situation interpelle sur les défis de l’accès à l’eau potable en République Démocratique du Congo, où des milliers de personnes doivent encore compter sur des sources non contrôlées. La qualité douteuse de l’eau des puits et forages expose la population à des risques sanitaires majeurs, dans un contexte où les maladies hydriques représentent déjà un fléau important.
Malgré les multiples tentatives de médias pour obtenir des explications, la direction provinciale de la REGIDESO reste injoignable. Cette absence de communication officielle ajoute à la frustration des habitants, qui se sentent abandonnés à leur sort. Jusqu’à quand devront-ils patienter avant de voir couler à nouveau l’eau des robinets?
La crise de l’eau à Kananga soulève des questions fondamentales sur le droit à l’eau potable et les responsabilités des autorités dans la garantie de ce service essentiel. Alors que des investissements sont consentis pour moderniser les infrastructures de santé, l’absence d’eau courante réduit à néant ces efforts et maintient la population dans une précarité dangereuse.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
