Dans un mouvement politique qui pourrait redéfinir les équilibres de pouvoir en République Démocratique du Congo, l’ancien président Joseph Kabila resurgit sur la scène politique à travers la création du « Mouvement sauvons la République démocratique du Congo ». Ce conclave de Nairobi, qualifié par certains observateurs de véritable acte de naissance d’une nouvelle opposition structurée, marque un tournant décisif dans le paysage politique congolais.
La désignation de Joseph Kabila à la tête de cette plateforme politique soulève plusieurs interrogations stratégiques. L’ancien chef de l’État, condamné à mort par la Haute Cour militaire, choisit-il délibérément la confrontation frontale avec le régime Tshisekedi ? Ou s’agit-il d’une manœuvre plus subtile visant à repositionner l’opposition congolaise en vue des prochains scrutins ? La réponse à ces questions pourrait déterminer l’avenir immédiat de la crise politique qui secoue le pays.
Le mouvement naissant s’appuie sur un diagnostic sans concession de la situation nationale, dépeignant une « crise multiforme » aux dimensions politiques, économiques et sociales. Les participants au conclave n’ont pas mâché leurs mots, dénonçant avec virulence la « restriction de l’espace démocratique » et « l’instrumentalisation de la justice » qu’ils imputent au pouvoir en place. Cette rhétorique, volontairement provocatrice, semble calculée pour mobiliser les mécontentements et cristalliser les oppositions.
L’adoption des douze points de sortie de crise proposés par Joseph Kabila constitue un élément particulièrement significatif. En endossant ce programme, les forces politiques et sociales réunies à Nairobi reconnaissent implicitement l’ancien président comme chef de file de l’opposition, consolidant ainsi sa position face à un Félix Tshisekedi de plus en plus contesté. Cette consolidation pourrait-elle marquer le début d’une recomposition durable du camp oppositionnel ?
La dimension internationale de cette initiative mérite également analyse. Le choix de Nairobi comme lieu de rassemblement n’est probablement pas fortuit, témoignant d’une volonté d’internationaliser la crise congolaise et de solliciter des médiations étrangères. L’appel au retrait des « troupes étrangères et des mercenaires » du territoire national s’inscrit dans cette stratégie de diplomatie parallèle, visant à délégitimer le gouvernement actuel sur la scène internationale.
L’exhortation à la population de « résister à la dictature » représente quant à elle un pari risqué. Joseph Kabila et ses alliés jouent-ils avec le feu en appelant à la résistance civile ? Cette stratégie de confrontation pourrait-elle déstabiliser davantage un pays déjà en proie à de multiples défis sécuritaires et économiques ?
La réaction du pouvoir en place sera déterminante. Le président Tshisekedi saura-t-il contenir cette offensive politique sans tomber dans le piège de la répression qui pourrait renforcer ses opposants ? Ou choisira-t-il au contraire la voie du dialogue inclusif prônée par la CENCO et l’ECC, que le mouvement de Kabila revendique également ?
Ce nouveau mouvement politique s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes où l’opposition RDC 2025 cherche à se structurer face à un pouvoir accusé de dérives autoritaires. La capacité du « Mouvement sauvons la RDC » à fédérer au-delà des seuls partisans de Kabila constituera le véritable test de sa viabilité politique. La crise politique Congo atteint ainsi un nouveau palais, dont l’issue pourrait façonner durablement l’avenir démocratique de la nation.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
