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Jacques Kyabula accuse Dany Banza de déstabilisation politique au Haut-Katanga

La scène politique du Haut-Katanga traverse une période de turbulences dont les ramifications s’étendent bien au-delà des frontières provinciales. Jacques Kyabula, gouverneur de cette région stratégique, brise un silence de deux mois pour révéler les dessous d’une bataille politique qui le retient à Kinshasa dans ce qu’il qualifie de «consultations» prolongées.

Dans une interview exclusive diffusée ce mercredi, le gouverneur pointe directement du doigt Dany Banza, ancien ambassadeur itinérant du Président de la République dans le Katanga. Selon Kyabula, ses déclarations lors de la marche de soutien à l’armée et au Chef de l’État à Lubumbashi auraient été délibérément sorties de leur contexte dans le cadre d’une campagne de déstabilisation soigneusement orchestrée.

«Dans la vie politique, il y a des coups bas, des complots qui se trament», affirme le gouverneur, dévoilant les mécanismes de ce qu’il présente comme un plan systématique. «Après les dernières élections, ceux qui étaient en lice avec nous se sont vus en difficulté et ont commencé à mener une campagne de déstabilisation. Ils ont mis beaucoup de moyens pour me déstabiliser.»

La stratégie d’accusation de Jacques Kyabula s’ancre dans une analyse précise des rapports de force locaux. En désignant nommément Dany Banza comme le financier présumé de cette opération de déstabilisation, le gouverneur du Haut-Katanga ouvre un front politique qui dépasse le simple cadre provincial. Comment un ancien représentant du Président peut-il devenir l’architecte présumé de la déstabilisation d’un gouverneur élu ?

La situation prend une dimension particulière alors que Dany Banza lui-même connaît des difficultés politiques et réside actuellement en Europe. Après avoir accusé des proches du Président Tshisekedi de comploter contre lui, l’ancien ambassadeur avait annoncé son retour au pays pour octobre, via Kinshasa, avant de rallier Lubumbashi. Une perspective que Jacques Kyabula accueille avec une hostilité non dissimulée.

«Aujourd’hui, quand il dit qu’il veut rentrer au pays pour que la population de la région du Katanga l’accueille, c’est faux comme démarche», tonne le gouverneur. «C’est quelqu’un qui a fait du mal aux Katangais. Il y a beaucoup de gens qui ont traversé des moments difficiles à cause de lui.»

L’accusation s’élargit alors à une critique plus fondamentale du système des «interfaces» présidentielles. Jacques Kyabula estime que Dany Banza n’a pas été à la hauteur de la mission qui lui était confiée, jouant même «un rôle négatif» dans l’exercice de ses fonctions. Cette remise en question touche à l’architecture même du pouvoir dans les provinces, interrogeant l’efficacité et la légitimité de ces relais présidentiels.

Le gouverneur égrène une liste de victimes présumées de cette méthode : le ministre Guylain Nyembo, «malmené quand il était directeur de cabinet du Chef de l’État», Julie Ngungwa, «gouverneure honoraire du Tanganyika diabolisée» et contrainte de «quitter le pouvoir», ou encore Richard Muyej, gouverneur du Lualaba. Autant de noms qui dessinent les contours d’une stratégie politique à l’échelle régionale.

Le rappel de Jacques Kyabula à Kinshasa fait suite à son meeting populaire du 30 juin dernier, où il soutenait les démarches diplomatiques contre l’agression rwandaise dans l’est du pays. Ses références à Joseph Kabila et Corneille Nangaa, présentés comme «des Congolais dont la situation pouvait se régler en famille», auraient été le déclencheur de sa mise à l’écart temporaire.

Cette affaire dépasse la simple rivalité personnelle pour toucher à des enjeux fondamentaux de gouvernance provinciale. La capacité d’un gouverneur élu à exercer son mandat face à des réseaux d’influence parallèles, l’équilibre des pouvoirs entre institutions élues et représentants présidentiels, la gestion des divergences d’opinion au sein de la majorité : autant de questions que ce conflit politique au Haut-Katanga pose avec acuité.

Le retour annoncé de Dany Banza en octobre prochain promet d’ajouter une nouvelle dimension à cette crise. Entre les déclarations de Jacques Kyabula déterminé à «résister et travailler» et le possible retour de son principal accusé, la scène politique katangaise s’apprête à vivre des moments décisifs. La résolution de ce conflit pourrait bien déterminer l’avenir des équilibres politiques dans toute la région du Grand Katanga.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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